Faits divers au Sénégal: LE GARDIEN AVAIT LA GÂCHETTE  FACILE
l'Essor n°16246 du - 2008-07-23  08:00:00       



Exaspéré par l'audace des voleurs de bétail, l'homme  avait préparé sa riposte

 
Qui se sert de l'épée périra par l'épée, disait une vieille  sagesse 
européenne. Cette vérité vient d'être vérifiée à à Missira  Diomel (encore appelée 
Saré Mawndé Talata), une localité située à  une douzaine de kilomètres de la 
frontière bissau-guinéenne dans la  communauté rurale de Coumbacara 
(arrondissement de Dabo). Ici, la  tranquillité des habitants et le sommeil des éleveurs 
avaient été  sérieusement perturbés ces derniers mois par la recrudescence des  
vols de bétail. Le phénomène s'était répandu dans toute la région du  Fouladou, 
et particulièrement dans les villages frontaliers. Il  avait fini par semer 
une telle insécurité et une telle psychose que  de nombreux éleveurs se sont 
dotés de manière tout à fait illégale  d'armes à feu.
Les propriétaires des bêtes expliquent que ces  acquisitions, bien que 
réprouvées par la loi, leur sont  indispensables pour s'opposer à des bandits 
redoutables qui très  souvent opèrent fortement armés. Comment, demandent-ils, 
assurer une  vraie surveillance et une protection efficace des bêtes lorsqu'on se  
retrouve les mains nues face à des hommes qui ne reculent devant  rien ? En ce 
début d'hivernage la vigilance des propriétaire et des  bergers est plus que 
jamais mise à l'épreuve. En effet, les voleurs  aiment bien opérer par les 
nuits pluvieuses qui découragent les  honnêtes gens de mettre le nez dehors. Mais 
pour une fois, ils sont  tombés sur un homme particulièrement déterminé.
Les faits  remontent à la nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet derniers.  
C'est ce moment qu'avait choisi pour opérer un groupe de malfaiteurs  qui 
avait repéré un important troupeau de vaches parqué dans un  pâturage. Les 
bandits ne se doutaient pas que le nommé B. Camara  chargé de la surveillance de ces 
bêtes avait pris des dispositions  particulières pour protéger son troupeau. 
Il s'était perché sur un  arbre d'où il pouvait surveiller tout le pâturage. 
De son poste  d'observation, il avait donc vu un groupe d’individus se diriger  
silencieusement vers son troupeau. Arrivés au milieu des bêtes, les  
malfaiteurs se livrèrent à une opération de précaution à laquelle  ils procèdent très 
souvent. Ils libérèrent au passage quelques  vaches qui devaient leur servir 
de moyen de diversion et qu'ils  auraient chassées devant eux si jamais un 
propriétaire ou un gardien  se présentait de manière inattendue. Le plan des 
voleurs était  impeccablement mis au point, mais un grain de sable tomba dans ses  
mécanismes et le dérégla complètement. Les malfrats étaient passés à  la 
seconde étape de leur plan (choisir les meilleures bêtes pour  repartir avec elles) 
quand l'imprévu survint. Du haut de son arbre  où il se trouvait aux aguets, 
le gardien ouvrit le feu. Il toucha un  des voleurs qui succomba sur le champ. 
La soudaineté de l'attaque,  l'impossibilité de voir d'où étaient partis les 
coups de feu  semèrent la panique au sein du reste de la bande qui s'éparpilla 
 littéralement dans la nature.
Alertés de l'incident, des éléments  de la brigade de Kolda ont effectué une 
descente sur les lieux le  samedi 19 juillet. Après constat, le corps sans vie 
du délinquant a  été acheminé à Kolda et une enquête est ouverte. La loi est 
la loi.  Mais pour les habitants de la zone, il n'y a pas lieu d'inquiéter un  
homme qui n'avait fait que défendre le bien à lui confié. Même si  pour le 
faire il est allé aux moyens  extrêmes.




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