Le président de la République, Amadou Toumani Touré entame aujourd'hui une visite d'État de 48 heures en Norvège. Cette visite va considérablement densifier des relations déjà notables entre les deux pays dans des domaines comme le développement rural, l'éducation de base, la décentralisation, le processus démocratique, les droits de l'homme, la promotion de la femme, l'hydraulique villageoise.
La visite du président Touré à Oslo sera une occasion d'exploiter d'autres domaines de coopération tels les infrastructures, les questions de sécurité, la promotion des investissements, les sciences et la recherche, la formation professionnelle et la création d'emplois en faveur des femmes et des jeunes. Il sera aussi question des changements climatiques et de la gestion des questions environnementales (eau, ensablement, désertification), la Norvège ayant marqué un intérêt particulier pour le financement du projet de restructuration et de gestion durable du système Faguibine.
La coopération entre le Mali et la Norvège remonte au début des années 1980, lorsque plusieurs organisations norvégiennes s'étaient engagées dans l'aide humanitaire liée à la sécheresse dans le Sahel. Celle-ci s'est progressivement transformée en une aide au développement à plus long terme laquelle, à partir de 1985, a été reconduite grâce au programme en faveur du Sahel, du Soudan et de l'Éthiopie.
Au cours des dernières années, les relations entre Bamako et Oslo se sont renforcées notamment depuis que la Norvège s'est investie de manière significative dans le processus de la paix au nord de notre pays. Ce rapprochement s'est illustré par la visite du président Alpha Oumar Konaré en Norvège en avril 1998. Cette visite a été sanctionnée par la signature d'un mémorandum d'entente qui stipule que l'aide accordée au Mali continuera de passer par des organisations non gouvernementales norvégiennes ou internationales et par l'ONU. Le mémorandum d'entente consacrait, par ailleurs, la dynamisation et le renforcement de la coopération entre les deux pays. Aux termes de cet accord, la Norvège s'était engagée à soutenir les efforts consentis par le Mali pour la réalisation d'un développement économique et social durable et le renforcement des institutions démocratiques. Elle privilégiait un appui au développement des régions du Nord du Mali.
De 1998 à 2000, la contribution de la coopération norvégienne dans notre pays s'élève à plus de 9 millions d'euros, près de 6 milliards Fcfa. La Norvège a également contribué au projet "plates-formes multifonctionnelles pour la lutte contre la pauvreté" pour un montant de 2,2 millions de dollars, soit plus d'un milliard Fcfa.
Par un accord d'avril 2005, la Norvège a délégué à la Suède sa coopération au développement avec le Mali. Ce partenariat (Suède-Norvège-Mali) a été notifié aux autorités maliennes lors de la première session des consultations entre la Suède et le Mali, tenues le mois suivant à Bamako. Il s'est traduit par la dilution totale du volume de l'aide norvégienne dans celle de la Suède. Initié pour favoriser l'harmonisation des procédures de l'aide, le nouveau partenariat présente un inconvénient majeur : la perte de visibilité de l'apport norvégien. Ainsi de 2005 à nos jours, celui-ci n'a pu être dissociée de celui de la Suède.
La représentation de l'ambassade de Suède à Bamako (section coopération au développement) a souhaité ne plus tenir une seconde session des consultations bilatérales, se contentant désormais de l'espace "commission mixte des partenaires techniques et financiers" avec le gouvernement malien.
Toutefois, la nouvelle stratégie de coopération au développement qui sera bientôt élaborée pourrait prévoir l'ouverture à Bamako d'un bureau de coopération de la Norvège. Ce bureau serait chargé de l'administration des fonds de coopération que ce pays mettra à la disposition du Mali. Cela permettra l'instauration d'un véritable partenariat bilatéral qui rendra plus visible l'assistance norvégienne.
La coopération entre le Mali et la Norvège va certainement bénéficier d'un regain de vitalité avec la visite du président Touré et la récente présentation des lettres de créance du tout nouvel ambassadeur de Norvège dans notre pays, Mme Merete Lundemo (l'Essor du 13 octobre).
M. KÉITA