Il ne s’agit pas d’une visite historique. En effet, les contacts de haut niveau entre Maliens et Allemands sont si fréquents que la visite officielle que vient d’effectuer le président Touré en Allemagne s’inscrit dans l’ordre normal des choses. Commentant cette visite (du 14-16 janvier), le chef de l’Etat a bien situé l’événement dans son contexte : « L’histoire des relations entre les deux pays est marquée de symboles. L’Allemagne, on ne le dira jamais assez, a été le premier pays à reconnaître le Mali indépendant. Pour la deuxième fois en l’espace de cinq ans nous avons été invité en visite officielle. Ce qui est rare, et cela veut dire beaucoup de choses. »
De fait, il est intéressant de noter que les relations entre les deux pays s’inscrivent dans une logique de continuité, quel que soit le parti au pouvoir à Berlin ou à Bamako. Cette continuité ne signifie pas pour autant routine. Bien au contraire, les deux parties ont su adapter leur coopération aux réalités, indifféremment des difficultés du moment. Les relations qui sont basées sur l’estime réciproque ont ainsi évolué positivement, ces dernières années avec de nouveaux progrès réalisés par le Mali. L’Allemagne et bien d’autres pays considèrent le Mali comme un exemple de démocratie et de bonne gouvernance en Afrique. Et même avec la situation actuelle dans une partie de la Région de Kidal, le partenaire allemand (certes toujours en principe sur le respect des droits des minorités), se montre compréhensible par rapport à la position des autorités maliennes pour sortir de cette crise. La chancelière, Mme Angela Merkel, a ainsi indiqué qu’elle s’en remet à la sagesse du président Touré pour résoudre cette affaire (voir l’Essor du vendredi).
Après la rencontre avec Mme Merkel, le clou des contacts du chef de l’Etat a été certainement la réception au niveau du président fédéral, Horst Köhler qui connaît bien notre pays pour avoir participé à Bamako à un sommet restreint entre des chefs d’Etat africains et les responsables de la Banque mondiale et du Fonds monétaire internationale au début des années 2000. Cette dernière institution était alors dirigée par l’actuel président allemand.
Du point de vue protocolaire, celui-ci vient en première position dans le dispositif institutionnel allemand. Même s’il n’a pas de pouvoir de décision en tant que tel, son autorité morale est très importante dans le pays. C’est par cette rencontre avec son homologue allemand que Amadou Toumani Touré a bouclé ses contacts officiels.
Malgré le froid glacial qui couvrait la capitale comme bien d’autres parties de l’Europe en cette période de l’année, Amadou Toumani Touré a eu droit à une cérémonie à la hauteur de son rang, et de l’amitié entre les deux pays. Dans un premier temps, le chef de l’Etat sera accueilli par son homologue allemand sur le perron du château de la Bellevue, la résidence officielle du président allemand. Ensuite, il signera le livre d’or du château qui a derrière lui une longue histoire. Les deux présidents se rendront ensuite dans l’arrière-cour du château pour procéder à une imposante revue des troupes. Une cérémonie parfaitement réglée et à laquelle le chef de l’Etat avait déjà eu droit en 2003 sous la présidence de Johannes Rau, un autre grand ami du Mali.
Amadou Toumani Touré a invité son homologue allemand à effectuer une visite officielle dans notre pays, comme ses prédécesseurs. L’invitation a été acceptée ave un grand plaisir. La date sera déterminée de commun accord, en fonction du calendrier du chef de l’Etat allemand. Qu’à cela ne tienne…

S. TOGOLA
Envoyé spécial