Le
directeur général de la Banque arabe pour le développement
économique en Afrique (BADEA), Abdel Aziz Khelef, a bouclé hier une
visite de trois jours dans notre pays. Cette visite a été couronnée
par la signature d’un accord de prêt relatif à la participation de
la banque au financement du barrage de Taoussa. Le protocole
d'accord a été signé, hier, dans la salle de réunion du ministère de
l'Economie et des Finances, par le ministre Sanoussi Touré et Abdel
Aziz Khelef. La cérémonie de signature s’est déroulée en présence
d’autres membres du gouvernement accompagnés de leurs proches
collaborateurs. Par cet accord de prêt, la BADEA met à la
disposition de notre pays, une ligne de crédit de 10 millions de
dollars américains, soit environ 5 milliards de Fcfa pour contribuer
au financement du projet d'aménagement du barrage de Taoussa.
Les deux parties ont saisi l’occasion pour exprimer leur
attachement au renforcement de leurs relations de coopération. La
BADEA confirme ainsi un engagement, pris à Djeddah en Arabie
Saoudite en novembre 2007 lors de la table ronde des bailleurs de
fonds sur le projet. Elle devient du coup le troisième bailleur de
fonds à rendre disponible son financement, montrant ainsi la voie à
d’autres institutions de financement. Rappelons qu’à Djeddah, 11
partenaires s’étaient engagés à accompagner notre pays pour réunir
l'enveloppe nécessaire au démarrage des travaux. La réalisation
de cet ambitieux projet contribuera à la réalisation des objectifs
de la Stratégie accélérée de croissance et de réduction de la
pauvreté et marquera un pas important dans la marche vers la
sécurité alimentaire par l'aménagement de terres. Le projet sera
également d’un grand apport dans la lutte contre la désertification
et participera à la restauration de l'écosystème et à la
préservation de la biodiversité. Il permettra également une
meilleure régulation du cours du fleuve Niger. La construction
de ce barrage permettra concrètement de mettre en valeur 139 000
nouveaux hectares de terres en 30 ans. La zone disposera à terme de
185 000 ha aménagés. Ces aménagements permettront de doubler la
superficie des parcelles mises à la disposition des familles,
d’employer la quasi-totalité de la main d'œuvre disponible, et
d’assurer l'autosuffisance alimentaire. Le barrage et ses
ouvrages annexes sont constitués d'une digue en enrochement à noyau
étanche de 800 m de long fermant le bras principal de la rive
gauche, d’un un quai de 100 m fois 30 m avec cale de déchargement
pour pinasses, d’une écluse de 12 m de large pour le franchissement
des navires. La centrale hydroélectrique sera dotée de 5 turbines
qui auront 4 MW de puissance installée chacune. Le projet prévoit
un remblai d'enrochement à noyau étanche comme ouvrage de
raccordement à l'appui de la rive droite, un réservoir d'eau, deux
lignes de 60 KV transportant l'énergie produit vers Bamba (en amont)
à l'ouest et vers Gao (via Bourem) au sud et à l'est. Le barrage
de Taoussa prévoit aussi des routes d'accès. Celles-ci seront
longues de 130 km et comprendront trois tronçons distincts : le
premier de Gao à Bourem par la route nationale 18, le second de
Bourem au point de bifurcation de Taoussa sur la route régionale 32
débouchant sur la route de Bamba, et le troisième du point de
bifurcation de Taoussa sur la route RR 32 (Bourem-Bamba) au site du
barrage. La route telle que conçue servira non seulement d'accès
au site du barrage, mais assurera aussi le relais avec le bief
fluvial navigable entre Tombouctou et Taoussa, ce qui permettra une
continuité et une grande fluidité du trafic entre Tombouctou et
Gao. Par l’accord ainsi signé, la BADEA marque sa présence de
qualité et son engagement aux côtés de notre pays dans son combat
pour le développement. La coopération entre le Mali et la banque
remonte à la construction du barrage de Sélingué dont le projet
avait débuté vers le milieu des années 1970. De cette date à nos
jours, l'institution financière basée à Khartoum au Soudan, a
octroyé à notre pays 44 prêts et dons. Le montant cumulé de ses
différentes interventions s'élève à 145,4 millions de dollars, soit
environ 73 milliards de Fcfa. Ces fonds ont servi au financement de
divers projets et de l’assistance technique dans tous les secteurs
économiques. Le Mali a également bénéficié de deux opérations au
titre de l'aide d'urgence pour un montant de 7,8 millions de
dollars, soit pas loin de 4 milliards de Fcfa. La veille de la
signature de l’accord, le directeur général de la BADEA, Abdel Aziz
Khelef, en compagnie du ministre de l'Equipement et des Transports,
Ahmed Diane Séméga, avait visité certaines réalisations financées
par la banque à Kati, notamment les 5,7 km des voiries urbaines
aménagées dans cette ville.
A. O.
DIALLO |