beaucoup de
localités,
bien des rues et des
routes ne donnent pas envie de circuler. Défoncées et semées de
flaques d'eau, elles présentent un aspect repoussant de saleté et de
dégradation. Cette situation ne fait que s'aggraver du fait que la
capitale s'agrandit démesurément. De même que les autres
agglomérations du pays. Avec l'urbanisation effrénée, les
populations de certains quartiers vivent dans des conditions
d'insalubrité insoutenables. Les grandes artères sont goudronnées et
offrent un visage agréable et participent de ce fait Ã
l'embellissement des cités. Mais les routes secondaires et les rues
dans les quartiers sont laissées pour compte. Pas d'asphalte, encore
mois de goudron.
Heureusement, dans bien des quartiers, les
populations ne restent pas les bras croisés. Celles-ci ont entrepris
de s'investir dans l'assainissement de leur cadre de vie en
participant au pavage des rues et au dallage des caniveaux.
L'exemple bienfaiteur est parti du quartier de Missira avec une
initiative citoyenne de Aminata Dramane Traoré.
L'initiative de
pavage des rues et de dallage des caniveaux est un programme
ambitieux, mais réaliste. Pour la circonstance, des matériaux
extraits des carrières sont disponibles à foison et la main d'œuvre
locale notamment les jeunes des quartiers sont employés sur le
chantier à peu de frais. C'est ainsi que des jeunes désœuvrés et
d'autres diplômés au chômage et souvent ayant des enfants en charge
ont accepté de se constituer en main d'oeuvre locale disponible pour
participer à la réalisation de l'initiative. Ces personnes ont
acquis désormais un savoir-faire dans certains domaines comme la
maçonnerie, tailler la pierre, paver les rues. Ces jeunes n’hésitent
pas à faire usage de ce savoir pour d'autres travaux, explique Adama
Diakité, un résident du quartier de Missira. Il n’est plus rare de
voir des habitants des quartiers paver maintenant les alentours de
leurs maisons, participant ainsi à l’embellissement et Ã
l’assainissement collectif, indique ce résident fier de leur
initiative.
Ce qui paraissait modeste est en réalité un bel
exemple de coopération concertée. Sans doute eut-il été plus simple
et beaucoup plus cher de déverser de beaux rubans d’asphalte et de
laisser la nature le défaire peu à peu, faute pour la ville de
pouvoir l’entretenir elle-même. Là , on a trouvé des matériaux
inépuisables et formé des hommes et des femmes qui peuvent eux-mêmes
transmettre ce savoir. Ce sont aussi des compétences monnayables sur
le marché du travail. Cette réalisation permet de drainer les eaux
de pluie et d’assainir des quartiers qui se retrouvent dans la boue
à chaque saison humide. Maintenant fini le calvaire des rues
embouées pendant la saison hivernale. Les résidents des quartiers
pavés ne risquent plus de vivre dans un environnement malsain avec
des flopées de moustiques et de mouches. Un autre effet, plus
esthétique, est que l’image de ces rues propres incite la population
à entretenir l’hygiène dans les habitations.
UN
NOUVEAU VISAGE DE BAMAKO D'ICI 2010 ? Mais grâce au pavage
des rues et dallage des caniveaux, nous avons moins de poussière et
moins de moustiques, explique Assa Diallo, ménagère résidente du
quartier de Missira. Les rues ont été débarrassées des vieilles
voitures qui encombraient les rues depuis des années, cela m'a fait
énormément plaisir, affirme avec une mine fière Assa
Diallo.
Chaque chef de famille a déboursé 30.000 Fcfa pour la
réalisation du projet de pavage, explique Mariam Sylla, une
résidente du quartier de Médina-coura. Au Mali, beaucoup de maladies
résultent du manque d'hygiène et d'assainissement dans les familles
et les rues, a-t-elle ajouté. Mariam soutient et encourage cette
initiative de pavage et de dallage. Elle invite également les autres
quartiers à suivre l'exemple de sa rue. Les moustiques et
l'insalubrité sont devenus des souvenirs lointains et la population
a procédé à la plantation d'arbres dans chaque rue pavée. Ce qui a
contribué davantage à non seulement embellir le cadre de vie, mais Ã
le rendre plus agréable à vivre.
A l'opposé de Assa et de Mariam,
Oumou une habitante du quartier de Bagadadji qui habite une rue non
pavée, prend son mal en patience et attend de voir le jour, où son
cadre de vie s’améliorera. En attendant cet hypothétique futur, elle
affirme avoir du mal à voir son quartier dans un état d'insalubrité
insupportable. Pour rendre son environnement plus vivable, elle
balaie chaque matin la devanture de sa concession. Mais cela ne
suffit pas parce que sa voisine ne faisant pas autant, son effort
est vain, dit-elle. Oumou est dans le même état d'esprit que Néné
qui habite le quartier Hippodrome.
Quid de la mairie du District
et les mairies des autres communes (voir encadré) ? Approchée la
mairie du District indique qu'elle aide en collaboration avec leurs
partenaires les associations qui viennent la consulter pour le
pavage de leurs rues. Moussa Bocoum, chef de division route et
assainissement à la mairie du District de Bamako, explique que la
mairie n'a pas de budget propre pour financer le pavage des rues. Le
rôle de la mairie consiste à l'entretien des voies et des routes. Il
faudra bien sûr encore de longs mois de labeur à la mairie du
District de Bamako pour refaire toutes les rues de la ville.
Ceci sera la concrétisation d'un vaste programme de
réhabilitation de la ville de Bamako, témoigne Moussa Bocoum. Selon
notre interlocuteur, la mairie fait des efforts pour assainir et
embellir la ville de Bamako, un plan d'investissement est en cours
qui prévoit à long terme la réhabilitation des anciens quartiers et
la viabilisation des nouveaux quartiers. D'ici juin 2010, la mairie
se propose de rendre un nouveau visage à Bamako, nous fait savoir
Moussa Bocoum.
On peut espérer que d'autres maires des communes
emboîtent le pas à leur consœur du District et qu'ensemble elles
matérialisent le rêve de tous les Bamakois, à savoir vivre dans un
environnement débarrassé des moustiques et des mouches grâce à un
cadre de vie agréable.
Djouma
DIABATÉ