Karim, don't worry, when all is said and done, I'll translate the whole thing. That is if Yahya doesn't lay hands on me prior.
 
Le Républicain
Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali : « C’est une insulte pour notre pays Â»
On n’envisage pas vraiment de faire ce que beaucoup de gens pensent. Nous ne pensons pas qu’il faut mettre le pays à feu et à sang parce qu’une loi a été promulguée. Non. Telle n’est pas notre volonté. Mais nous sommes des citoyens à part entière.
Nous sommes des électeurs de ce pays. Des députés que nous même avons élus ont posé des actes. Mais nous en tirons les conséquences et nous avons des dispositions à prendre ça je ne vous le cache pas. On sait maintenant à quoi s’en tenir. C’est un avertissement pour nous. Voilà ce que les élus nous ont servi, nous avons compris. Mais on ne va pas vers la violence, on ne va pas vers des casses. Nous pensons aujourd’hui que ça ne sert ni l’islam que nous prétendons défendre, ça ne sert pas aussi notre pays.
Nous sommes des gens responsables et le pays est à majorité musulmane. Si nous cassons des maisons, elles appartiennent à des musulmans ; si nous cassons des boutiques, elles appartiennent à des musulmans ; si nous cassons les édifices de l’Etat, c’est le contribuable malien qui donne son argent . Nous nous ne pouvons pas appeler à aller détruire ça ce n’est pas possible. Nous sommes dans un pays qui se dit démocratique. Nous avons beaucoup d’arme pour faire combattre, pour faire valoir, pour dire ce que nous pensons et dans un cadre de respect des lois en vigueur dans notre pays.
Le Républicain : Le nouveau code des personnes et de la famille vient d’être voté par l’Assemblée nationale, le 3 août dernier. Quels sont vos sentiments face à l’adoption de cette loi ?
Mahmoud Dicko :Nous tenons vraiment à préciser, effectivement le haut conseil islamique, il y a certaines dispositions de ce code sur lesquell es nous avons des réserves et que nous avons tenu à porter à l’attention de nos honorables députés.
Maintenant le code a été voté. Pour nous, ces observations n’ont pas été prises en compte. Nous avons fait savoir ça par la voie légale. Nous avons fait un meeting d’information pour informer la communauté musulmane dont nous sommes les représentants. Voilà comment les choses se sont passées et je crois que nous allons rester encore dans la légalité pour faire valoir ou pour faire comprendre notre position.
Je peux tout simplement dire qu’il y a des choses qui ne sont pas de notre point de vue, qui ne s’accordent pas avec nos valeurs sociétales et qui aussi heurtent nos sensibilités religieuses et ce serait malheureux parce que le code doit être un code qui nous unit mais pas un code qui nous sépare pour créer la désunion.
Et donc, comme le dit tout le monde, le code n’est pas un code des femmes contre les hommes, ni des religieux contre les laïcs. Ça doit être comme ça. Mais en réalité selon notre vision ça n’a pas été le cas. Mais puisque ceux qui ont posé ces actes prétendent que nous sommes rentrés en plein pieds dans le 21ème siècle nous sommes les égaux des pays « civilisés Â», comme ils le disent eux-mêmes. Nous pensons que vraiment nous devrons être civilisés tout en restant ce que nous sommes. La civilisation n’est pas synonyme de se renier pour être ce qu’on n’est pas.
Il y a les Asiatiques qui sont là, ils ont des valeurs sociétales qu’ils ont gardé mais ça ne les a pas empêché de faire des avancées extraordinaires en matière de développement technologique et égaler même les occidentaux. Et donc je pense réellement qu’il ya beaucoup de choses qui ne sont pas en réalité conformes à notre vision.
Comme nous ne sommes pas les seuls maliens. Il y a d’autres confessions, en fait d’autres pensées. Tout le monde a le droit de se sentir concerné, de se retrouver dans ce code. Nous prenons acte de ce qui a été fait mais nous allons quand même continuer à nous battre pour essayer vraiment d’équilibrer un peu ce code là.
Vous avez tenu un meeting, le 9 août 2009, à la grande mosquée de Bamako. Nous voulons savoir qui était l’initiateur de ce meeting et quel était son objectif ?
Mahmoud Dicko :Le meeting, c’est le haut conseil qui est l’initiateur. L’objet c’était tout simplement d’informer les musulmans. Nous sommes leurs représentants, nous parlons en20leur nom, nous agissons en leur nom. Nous pensons qui s’il y a quelque chose, un acte qui est posé qui les concerne à plus d’un titre, il serait quand même bon qu’on leur donne notre version des faits, on leur donne ça ce qu’on a eu comme information, comme compréhension, comme lecture de cette situation.
Toujours nous avons alerté sur les points sur lesquels on n’était pas d’accord, les points qui méritent pour nous plus de consensus, nous avons fait allusion à cela jusqu’à l’adoption. Et maintenant, nous avons le devoir de faire une restitution à la communauté musulmane, de leur faire comprendre comment les choses se sont passées. Voilà l’esprit qui nous a amené à organiser le meeting.
Pouvez-vous nous rappeler les points qui font l’objet de contestation par le haut conseil islamique ?
Mahmoud Dicko :Ils sont nombreux. Je ne peux pas vous les citer tous. Vous savez, il y a 1143 articles dans ce code. C’est difficile de tout énumérer tout de suite. Mais il y a des points sur le mariage, sur la succession. On vous dit que si vous voulez que votre héritage soit partagé selon la religion musulmane, vous devez faire un testament ou prendre des témoins sinon votre héritage sera partagé selon le droit positif.
Le testament=2 0même si vous le faites, un enfant parmi les héritiers qui n’est pas d’accord peut l’attaquer au tribunal. Donc à quoi sert le testament ? Ça ne sert à rien. Les témoignages mêmes ne servent à rien. Ils n’ont pas mis de garde fou par rapport à tout ça. Nous avons demandé à ce que l’option soit intégrale, c’est-à-dire que si vous faites un testament, le testament n’a de valeur que quand c’est exécutoire. C’est-à-dire que personne après ne puisse changer votre volonté. C’est pour cela qu’on fait un testament mais quand il y a possibilité de changer votre volonté, est-ce qu’on peut appeler ça testament ? Non.
Que voulez-vous donc ?
Nous nous avons demandé qu’on fasse l’inverse, c’est-à-dire que le droit commun chez nous, c’est ce droit religieux et coutumier. Laisser cela en commun pour tout le monde. Maintenant celui qui ne veut pas de cela, que possibilité lui soit donnée de demander à ce que son héritage soit partagé selon le droit positif. On n’a pas été suivi ni dans l’un ni dans l’autre. Nous pensons que rien n’a été fait. Il est écrit que si le défunt a un enfant, les père et mère du défunt n’ont pas droit à l’héritage.
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Quand nous avons fait beaucoup de bruit, je crois que par la suite, ils ont dit que maintenant il faut donner aux parents un dixième. C’est l’autre jour que l’Assemblée a fait cette petite modification. Même ça c’est à discuter.
Ils ont parlé du mariage comme étant un acte laïc. Nous avons dit c’est trop pour un pays comme le Mali où tout le monde est croyant. Il n’y a pas de non croyant au Mali d’une manière ou d’une autre les gens croient. Donc on croit à 100% au Mali. Même l’animiste qui est là il te dit tou Bissimilahi. Donc il croit. Dire dans ce pays que le mariage est un acte laïc et en faire une loi, ce n’est pas une bonne chose, c’est vraiment insulter le Mali. Pourquoi on fait de notre mariage aux yeux de la loi un acte laïc alors qu’il ne l’est pas.
On vous dirait que le mariage est obligatoirement célébré à la Mairie ?
L’officier d’état-civil qui est là qui célèbre le mariage civil mais son mariage, il va être célébré à la mosquée. Personne ne peut s’en tenir seulement en réalité à la mairie. Les gens peuvent s’en tenir à la mosquée mais pas seulement à la mairie. Il y a 80 % des mariages qui sont cél=C 3brés dans les mosquées sans être célébrés à la mairie. Il n’y a aucun mariage célébré à la mairie et qui ne le soit à la mosquée ou à l’église. Ça n’existe pas au Mali. Comment le mariage peut être considéré comme un acte laïc.
Pour nous les musulmans, le mariage n’est pas un acte laïc. Ça fait partie de notre religion. Nous nous marions parce que notre religion nous demande de nous marier. Il y a des règles, il y a une façon de faire. Nos coutumes, nos valeurs nous disent que le mariage doit se faire.
Pourquoi vous considérez ça comme un acte laïc, quelque chose qui n’a rien à voir avec la religion. Ça veut dire que notre loi ne reconnait pas le mariage célébré en dehors de l’état-civil, comme si les enfants issus de ces mariages là sont tous des enfants illégitimes, aux yeux de la loi. C’est une insulte pour notre peuple. Nous avons dit que ce n’est pas bon. Ils n’ont pas réfléchi avant de le dire.
Il y a le droit de l’occupation pour la femme quand vous décédez ou bien quand l’homme meurt votre femme a droit d’occuper cette maison jusqu’à sa mort, ou en tout cas qu’elle se remarie et quitte la maison sinon, elle reste dans la famille jusqu’à sa mort.=2 0Même si vous avez d’autres enfants, d’autres femmes qui ont plus de droits, parce que plus nombreux qu’une seule femme, ces héritiers ne peuvent ni obtenir cette maison ni vendre cette maison rien que parce qu’il y a une personne qui est là, qui doit rester, qui doit occuper cette maison.
La loi lui donne droit de rester. Ça veut dire qu’elle seule peut vous empêcher de disposer de cette maison. Tout le monde sait que chez nous les gens sont polygames. Si vous avez deux femmes avec 20 enfants, vous avez une femme sans enfant, cette femme parce qu’elle a le droit d’occuper cette maison doit rester intacte. Nous avons pensé que l’héritage, la femme a un droit, on lui donne ce droit. Mais cette femme a un chez elle. Elle est venue de quelque part.
On ne peut pas faire comme si on est en occident où bien des gens n’ont pas de famille. Nous nous avons ce qu’on appelle les « Cabilas Â» (ndlr : la grande famille élargie). La femme vient de quelque part. Cela heurte notre religion et nos valeurs sociétales. Le mariage chez nous ce n’est pas seulement deux personnes qui se rencontrent qui nouent un mariage, une union. Non. Chez nous le mariage est plus que ça. On a donné l’exemple aussi de l’adoption.
En matière d’adoption, pour nous ceux qui luttent pour le droit des enfants oublient qu’adopter ne veut pas dire tirer son droit à l’enfant d’être ce qu’il est. L’adoption aux yeux de l’islam, c’est venir au secours de quelqu’un, l’adopter, le mettre à l’école, s’occuper de lui, mais le laisser avec sa dignité. Donc prendre un enfant au Mali, l’emmener ailleurs pour l’adopter, lui donner un nom qui n’est pas son nom, c’est une façon de lui retirer son identité. Ceux qui luttent pour le droit des enfants nous pensons qu’ils ne doivent pas accepter cela .
Ne craignez-vous pas d’être traité d’islamiste ?
Nous ne sommes pas des islamistes, nous sommes des musulmans. On ne s’agite pas mais il y a des problèmes qui sont là et ces problèmes là on doit les résoudre ensemble. Nous pensons que le code n’a pas été bien réfléchi. On a parlé de l’obéissance qu’ils ont enlevée parce qu’ils ont trouvé que c’est un mot trop fort que les gens disent obéir à son mari, c’est faire du mari l’égal de Dieu etc.
Les gens ont eu même à blasphémer, c’est extrêmement grave, mais l’obéissance n’est pas un mot que les gens ne connaissent pas. Les Modibo Keita qui l’ont mis dans l’autre code ce n’est pas des analphabètes ils connaissent bien ce qui est dans le dictionnaire.
Nos juristes qui sont là aujourd’hui ne sont pas plus instruits que ces gens là. Donc qualifier ce mot comme si c’est faire de la femme une esclave, cela est absurde. On obéit à son père et à sa mère. Là où il n’y a pas d’obéissance il n’y a pas d’ordre. En réalité il y a un souci de faire croire aux autres qu’il y a égalité parfaite entre homme et femme chez nous.
Mais je crois qu’on devrait quand même tenir compte de beaucoup de choses et ce n’est vraiment pas la période où il faut créer des situations de troubles dans le pays. Ce n’est pas notre volonté et nous ne le souhaitons pas. In Challahou, nous allons user de toute notre force pour qu’il n’y ait pas ça parce que personne n’a intérêt à ce qu’il y’ait un trouble dans le pays.
Comme j’aime à le dire, ce pays là il est notre pays à nous tous et nous sommes tous des frères ici, dirigeants et dirigés, nous sommes tous les mêmes. Au Mali, nous sommes une seule famille. Nous pensons réellement que nous devrons faire un effort pour trouver un consensus autour de toutes les questions sensibles dans notre pays.
On oppose le principe de laïcité de la république du Mali à ces observations que vous venez de faire. Qu’en dites-vous ?
Mahmoud Dicko : Selon nous la laïcité ne veut pas dire la négation de la religion. Selon nous la laïcité est une intelligence parfaite des hommes qui sont dans un pays pour que le respect de tout un chacun soit préservé : sa religion, son ethnie, sa race, sa pensée.
Et pour que, harmonieusement nous puissions être ensemble et que la part de chacun soit respectée. Nous pensons que c’est cela en réalité la laïcité intelligente. Maintenant si la laïcité c’est la négation de la religion par l’Etat qui, lui-même, organise le cinquième pilier de l’islam c’est grave. C’est l’Etat qui organise le pèlerinage, qui loue les avions, qui nomme le délégué général en conseil des ministres pour aller faire le pèlerinage.
Le pèlerinage est le cinquième pilier de l’islam. Alors cet Etat ne peut pas nous dire au nom de la laïcité qu’on ne peut pas parler de la religion. Je crois que la laïcité c’est tout simplement faire en sorte que le droit de tout un chacun soit respecté.
Que l’Etat se mette au dessus pour donner aux citoyens vraiment la latitude de pratiquer leur religion, leur foi, leur pensée mais dans un cadre organisé, l’Etat est là comme le régulateur de tout cela. Puisque c’est dans la constitution. que la liberté de culte est garantie à tous les citoyens du Mali. C’est pour cela qu’on nous autorise à construire des mosquées, on nous autorise à construire des églises, Comprendre la laïcité comme une négation de la religion c’est même anti constitutionnel.
Qu’envisagez-vous d’entreprendre après l’adoption du code par l’Assemblée nationale ? On sait qu’il y a l’étape de la promulgation par le président de la république.
Mahmoud Dicko : On n’envisage pas vraiment de faire ce que beaucoup de gens pensent. Nous ne pensons pas qu’il faut mettre le pays à feu et à sang parce qu’une loi a été promulguée. Non. Telle n’est pas notre volonté. Mais nous sommes des citoyens à part entière.
Nous sommes des électeurs de ce pays. Des députés que nous même avons élus ont posé des actes. Mais nous en tirons les conséquences et nous avons des dispositions à prendre ça je ne vous le cache pas. On sait maintenant à quoi s’en tenir.
C’est un avertissement pour nous. Voilà ce que les élus nous ont servi, nous avons compris. Mais on ne va pas vers la violence, on ne va pas vers des casses.
Nous pensons aujourd’hui que ça ne sert ni l’islam que nous prétendons défendre, ça ne sert pas aussi notre pays. Nous sommes des gens responsables et le pays est à majorité musulmane.
Si nous cassons des maisons, elles appartiennent à des musulmans ; si nous cassons des boutiques, elles appartiennent à des musulmans ; si nous cassons les édifices de l’Etat, c’est le contribuable malien qui donne son argent .
Nous nous ne pouvons pas appeler à aller détruire ça ce n’est pas possible. Nous sommes dans un pays qui se dit démocratique. Nous avons beaucoup d’arme pour faire combattre, pour faire valoir, pour dire ce que nous pensons et dans un cadre de respect des lois en vigueur dans notre pays.
Propos recueillis par Seydou Coulibaly
Nouhoum Dicko et
Boukary Daou
12 Août 2009.
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