Quand une variété est trouvée elle est envoyée en milieu paysan pour des tests et démonstrations en grandeur nature. Le programme niébé travaille pour ce faire avec les producteurs encadrés par les directions régionales de l'agriculture (DRA) et les paysans collaborateurs. Les associations paysannes sont aussi impliquées pour les démonstrations et la production de semences certifiées.
Pour la diffusion de variétés améliorées en milieu paysan, le Projet supplémental niébé du Projet d'appui aux services agricoles et aux organisations paysannes (PASAOP) finance la vulgarisation. Ainsi depuis la campagne agricole 2007/2008, ce sont 6600 démonstrations qui ont été effectuées chez les paysans en collaboration avec les DRA sur environ 1650 hectares dans les 5 régions d'intervention (Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti). Aussi pour la production de semences certifiées de niébé, 6,8 tonnes de semences de base ont été distribuées aux producteurs. Cette quantité a été semée sur 340 hectares pour la production de semences certifiées R1.
Le programme niébé explore d'autres partenariats pour faire connaître ses trouvailles. Ainsi un partenariat est scellé avec l'ONG World Vision qui a assuré la formation des agents sur les techniques de conservation moderne du niébé à Sikasso, Koro et Bla. Cette formation justifie toute l'importance que revêt la légumineuse au double plan nutritif et économique. Au plan nutritif, la variété Sangaraka renferme 25,73% de protéines, contre 23,36% pour la variété Korobalen, 26,48% pour la Dounanfana et 26,74% pour Yèrèwolo. Les deux dernières variétés renferment plus de pourcentage de lipides avec respectivement 2,32% et 3,01% contre 1,43% pour la Sangaraka et 1,63% pour la Korobalen. Le niébé convient parfaitement aux préparations culinaires traditionnelles. Avec cette légumineuse, la ménagère peut préparer du couscous, du riz, de la vermicelle, des gâteaux et de la crème de niébé. Au moment des récoltes (qui va d'octobre à décembre), le kilogramme de niébé se vend entre 300 et 350 Fcfa. Mais pendant la période de soudure (juin à août), ce prix peut grimper jusqu'à 500 Fcfa le kilogramme. Les fanes qui sont utilisées pour l'alimentation du bétail en période de soudure, sont également une source intéressante de rentrée d'argent pour le producteur. Qui peut ainsi faire face à ses dépenses familiales (santé, frais de scolarité des enfants, habillement, biens de consommation, etc).
Cette importance économique du niébé ne se dément pas quand on sait que deux frères qui ont exploité en commun une parcelle de niébé dans le village de Satinè (cercle de Bla) en sont venus aux mains cette année. En effet, le grand frère n'a pas apprécié que son cadet vienne récolter le champ de niébé à son insu. Le jeune frère a plaidé sa bonne foi. Mais le grand frère qui ne voulait rien savoir a sorti une machette pour punir le cadet. Ce dernier a pu retirer l'arme blanche et l'a retourné contre son grand frère qu'il a grièvement blessé. Les deux frères pouvaient régler à l'amiable ce malentendu qui à l'évidence ne valait pas le coup d'un affrontement armé.
Cet autre jeune voleur récidiviste de son état a manqué de chance. Il avait bénéficié d'une libération conditionnelle pendant laquelle, il a volé un sac de 50 kg de niébé. Le juge l'a envoyé en prison pour 2 ans.
M. COULIBALY
