l'Essor n°16554 du - 2009-10-23 08:00:00
 Le Brésil va aider les pays africains producteurs de coton à sauver la filière. Le géant sud-américain va réaliser à Bamako un centre de recherche et de valorisation du coton africain. La question du coton a occupé une bonne place dans la visite que le ministre des Relations extérieures de la République fédérative du Brésil, Celso Amorin, vient d’effectuer dans notre pays.
La première pierre de l'unité expérimentale de démonstration des technologies brésiliennes a été posée hier à l’occasion de cette visite. C’est le président de la République, Amadou Toumani Touré qui a procédé à la pose de cette première pierre au Centre de recherche agronomique de Sotuba. Mais auparavant, il a visité des unités de démonstration du coton en couleur et des techniques culturales du maïs dans le cadre du projet exécuté par l'entreprise brésilienne de recherche agricole (EMBRAPA) et l'Institut d'économie rurale (IER). Accompagnés du gouverneur du district de Bamako, Ibrahima Féfé Koné et du maire de la Commune I, Mme Konté Fatoumata Doumbia, le chef de l'État Amadou Toumani Touré a assisté à une cérémonie symbolique de récolte du coton dans le champ expérimental du projet qui concerne 4 pays : Bénin, Burkina Faso, Tchad, Mali. Ces pays sont les principaux producteurs du coton en Afrique subsaharienne. On les appelle "pays C4". Ils ont des contraintes de production similaires, à savoir la baisse continue des rendements de la culture liée aux conditions climatiques de plus en plus défavorables et des pratiques culturales paysannes qui ne répondent plus aux besoins. Pour trouver une solution à ces contraintes, le Brésil propose un programme de coopération technique basé sur le transfert de sa technologie. Dans son mot de bienvenue au chef de l'État et à la délégation qui l'accompagne, le maire de la Commune I a demandé que le projet qui vient de naître soit accompagné d'initiatives du genre creusement de caniveaux, électrification et réalisation d'adduction d'eau à Sotuba. Le ministre brésilien des Relations extérieures, Celso Amorin a, pour sa part beaucoup insisté sur la nécessité pour nos pays de combattre les subventions agricoles que les pays développés accordent à leurs producteurs. Ces subventions étant les pires ennemies de l'agriculture africaine. En effet, dans nombre de pays africains, le coton est la principale source de redistribution de revenus monétaires dans le monde rural. Cette culture y contribue donc significativement à la lutte contre la pauvreté. La production cotonnière du Mali, a rappelé le ministre de l'Agriculture Agatam Ag Alhassane, qui avait fortement augmenté ces dernières années grâce essentiellement à l'augmentation du nombre de producteurs et au doublement des superficies cultivées connaît aujourd'hui une stagnation, voire une baisse des rendements. Cet état de fait, soulignera-t-il, mérite un renversement de situation devant le danger d'effondrement de la filière coton et de ses impacts sur les revenus des populations rurales et de l'économie du pays tout entier. Dans ces conditions, il était urgent de mettre en route toute mesure susceptible de pérenniser la production cotonnière et améliorer sa compétitivité. Les autorités brésiliennes ont proposé cette collaboration avec le Mali et les trois autres pays mentionnés plus haut. Cette initiative s’inscrit parfaitement dans notre option de relance de la filière coton. Il s'agira par une coopération Sud-Sud, de lever les contraintes essentielles au développement de la culture cotonnière. Cela se passe par l'amélioration variétale pour augmenter les rendements et la qualité de la fibre à l'égrenage, le relèvement de la fertilité des sols et la protection phytosanitaire. Le projet prévoit la construction d'un laboratoire de recherche destiné à l'élevage des trichogrammes, des espèces d'insectes qui se nourrissent de larves d'insectes nuisibles au cotonnier et aux céréales. Le chef de l'État, Amadou Toumani Touré, estime que le principal prédateur pour la culture du coton demeure les subventions de certains pays riches à leurs producteurs. Le projet sera étendu à bien d’autres pays sous-développés. Au nom de ses collègues des pays couverts par le projet, Amadou Toumani Touré a tenu à exprimer la reconnaissance de l'Afrique subsaharienne. A travers le laboratoire, il s'agira en fait de promouvoir une lutte biologique non seulement par l'utilisation des insectes utiles pour détruire les insectes nuisibles, mais aussi et surtout de réduire les traitements insecticides aux conséquences néfastes sur l'environnement. En plus du laboratoire, il est prévu la construction de 4 bureaux et d'une salle de réunion pour les équipes mixtes de chercheurs maliens et étrangers et des hangars pour abriter les égreneuses de coton. Le montant global du projet pour les 4 pays est évalué à 2,2 milliards de Fcfa. Amadou Toumani Touré a assuré que l'accompagnement du gouvernement ne fera pas défaut au projet. S. DOUMBIA |