Décidément, les vastes étendues de terre du Nord Mali ne cesseront pas d’attirer les regards de la communauté internationale sur notre pays. A peine les armes meurtrières momentanément tues dans le septentrion malien, c’est une nouvelle alarmante d’un Boeing vénézuélien qui serait venu y déverser sa cargaison de drogue qui oblige notre pays à avoir une publicité gratuite, dont il se serait volontiers passé. Avec la sortie le 16 novembre 2009 à Dakar d’Alexandre Schmidt de l’office des Nations Unies sur les drogues et le crime (ONUDC), l’existence d’un réseau international de trafic de drogue dans le nord Mali ne fait plus l’objet d’aucun doute.
Dans notre parution du 10 novembre 2009, sous le titre : « Crash ou incendie d’un avion à Bourem : Pourquoi le silence des autorités », nous avons informé nos lecteurs qu’un avion calciné a été repéré dans le Tilemsi.
Déjà , ce jour là , nous avions dénoncé le silence radio des autorités aéroportuaires et du gouvernement malien. Dans cet article, votre quotidien d’information « Le Républicain » s’était posé un certain nombre de questions : A qui appartient cet avion ?
Quelle était sa destination ? Quelles sont les personnes qui se trouvaient à bord ? Pourquoi les survivants n’ont-ils pas été trouvés aux alentours de l’avion ? Et s’il n’y avait pas de survivants, pourquoi n’a-t-on trouvé leurs restes sur le lieu de l’accident ?
Mais, voilà qu’au moment où nos autorités, comme d’habitude, ont choisi de ne pas piper mot sur cette affaire qui concerne le Mali et les Maliens, c’est de Dakar que nous aurons les réponses à nos nombreuses questions et du coup, nous comprenons pourquoi les autorités maliennes ont décidé d’avoir le profil bas.
Alexandre Schimidt, Responsable régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), depuis Dakar, a choisi le 16 novembre 2009, pour mettre l’affaire sur la place publique. Selon ce responsable de l’ONU, un avion de type Boeing, en provenance du Venezuela a débarqué de la cocaïne près de Gao, avant de s’écraser le 5 novembre juste après son décollage. « Un Boeing parti du Venezuela a atterri sur une piste artisanale à 15 km de Gao (nord-est) avant de décharger de la cocaïne et d’autres produits illicites », a indiqué le responsable régional de l’ONUDC Alexandre Schmidt lors d’une rencontre avec la presse. « Il a ensuite voulu décoller et s’est écrasé le 5 novembre », a-t-il ajouté.
La quantité de drogue n’est pas connue. Mais, il a estimé qu’un Boeing peut transporter 10 tonnes de cocaïne. Selon lui, la drogue n’a pas été retrouvée, l’agence internationale Interpol a été saisie et une enquête est en cours. Mais, il a indiqué que la carcasse de l’avion a été incendiée par les trafiquants pour faire disparaître toutes les traces. Et comme un crime n’est jamais parfait, il dira que l’incendie n’a pas fait disparaître les numéros de référence de l’avion. « Une enquête est en cours pour déterminer le propriétaire », a-t-il déclaré.
Le responsable onusien a souligné qu’il était pratiquement impossible de dire depuis combien de temps cela durait. « Mais cela pourrait être considéré comme un nouveau mode opératoire et c’est inquiétant », a estimé Schmidt.
Selon lui, “il n’y a pas de couverture radar dans cette zone“, située à un millier de kilomètres de la capitale Bamako, dans la région du Sahara, propice à tous les trafics. A son avis, c’est la première fois que sa structure a connaissance d’un acheminement de la cocaïne sud-américaine en Afrique par un avion de grande capacité, affrété pour l’occasion.
Depuis des années, les experts travaillant sur la question de la drogue ont admis que l’Afrique de l’ouest est devenue un important centre de transit de la cocaïne sud-américaine vers les marchés européens. Pendant la dernière crise armée, certains de nos confrères avaient estimé que le trafic de la drogue était l’une des motivations profondes des soubresauts que le pays enregistrait dans sa partie nord.
Et cette information vient confirmer l’existence d’un trafic international de drogue. Mais, Alexandre Schimidt, a parlé de « déchargement de la cocaïne et d’autres produits illicites ». Sans autres précisions, pour qui connaît l’histoire récente de cette partie du Mali, on pourrait sans risque de se tromper dire que les autres produits illicites dont parle Schimidt, sont des armes de guerre.
Mais, le fait troublant dans cette histoire d’avion Boeing, c’est le silence des autorités maliennes. Il est difficilement admissible que le Mali n’ait pas les moyens de couvrir tout son territoire avec des radars.
Mais, il est encore inacceptable que depuis le 5 novembre jour du crash de l’avion qu’aucune autorité malienne ne se soit prononcée sur sa présence dans le Tilemsi. A défaut d’avoir bénéficié de certaines complicités, ce Boeing et sa cargaison de drogue viennent nous rappeler toute la fragilité de notre système de sécurité, notamment dans le septentrion.
Pire, nombreux sont aujourd’hui, les Maliens qui se demandent les raisons du silence de carpe de leurs autorités. Est-ce un mépris ou une stratégie de communication mal inspirée qui les a poussées à garder le profil bas ?
L’information est un droit du citoyen, mais malheureusement, le citoyen malien n’a pas le privilège de jouir de ce droit et doit se contenter des ragots, à défaut des informations de la presse internationale. En tout cas, les autorités Vénézuéliennes qui se soucient de leur opinion nationale, de l’opinion internationale et l’image de leur pays, après la sortie du responsable onusien, n’ont pas tardé à réagir.
Par la voix de Tareck El Aissami, ministre vénézuélien de l’intérieur, le pays de Hugo Chavez a réagi pour dire que son gouvernement allait ouvrir une enquête après le crash au Mali d’un avion qui, selon une agence de l’ONU, a acheminé de la cocaïne dans le pays africain depuis le Venezuela. « Nous sommes en train de vérifier si l’avion est effectivement parti du Venezuela », a dit M. El Aissami à la chaîne de télévision d’Etat VTV.
Assane Koné.
Le Républicain du 18 Novembre 2009.
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