La modernisation du parc auto du District de Bamako est en marche. Depuis le mois d'octobre dernier des nouveaux taxis circulent dans la capitale à la satisfaction d’une clientèle habituée à se faire transporter dans de vieux tacots.
The modernisation of Bamako's autopark is going well. Since october, new taxis plied the streets of Bamako to the delight of a clientele used to klunkers prior.
Le constat en la matière est unanime : à Bamako, ce sont toujours des voitures d’occasion, sinon au bord de la casse, qui sont converties en taxi. "C'est ça qui fait que la ville est remplie de vieux taxis qui pourrissent notre environnement", dénonce un fonctionnaire. Celui-ci préconise l'installation de dispositifs contrôlant la pollution des véhicules dans la circulation à l'image des grandes villes occidentales.
It is common knowledge that Bamako's taxis are generally used vehicle or those that are on their way to the junkyard. "They contribute significantly to the pollution of the air we breathe", agonied one businessman. He yearns for the type of taxis used in more developped nations.
Notre fonctionnaire est-il en avance sur son temps ? Non, répond un jeune employé d'une société de la place qui va plus loin. Il souhaite rien de moins que la disparition des vieux taxis de la circulation. « Quand je me déplace maintenant, je guette les nouveaux taxis car ils sont confortables et non polluants. Par contre les vieux taxis sont très polluants. Il est temps de les éliminer de la circulation », nous lance-t-il avant de s'engouffrer dans un taxi flambant neuf.
Souleymane Ballo est justement un des bénéficiaires de ces nouveaux taxis mis en circulation à Bamako grâce au partenariat de l'Agence nationale pour la promotion et l'emploi (ANPE), la coopérative des chauffeurs et conducteurs des taxis du Mali et des banques de la place. 500 taxis ont ainsi été remis à leurs bénéficiaires dans le cadre d'une phase-test qui prévoit la mise en circulation de 1000 nouveaux taxis dans le District de Bamako d'ici 2012.
Domicilié à Sabalibougou et père de famille, le quadragénaire Souleymane est un chauffeur de taxi expérimenté car il exerce ce métier depuis 1999. Il commence à circuler dès 6 heures du matin et ne rentre qu'au-delà de 22 heures. "Je conduisais des taxis d'autrui. Maintenant j'ai mon propre taxi et j'en suis comblé", assure-t-il. Et on le croit volontiers lorsqu’on l’aperçoit au volant de son nouveau véhicule de marque "Kia" très sollicité par les clients. Il venait d’en déposer un devant un super-marché de Badalabougou où nous l'avons rencontré. « Les clients apprécient beaucoup mon taxi. Aussi on ne connaît pas de tracasseries policières. Ce qui est bon pour les affaires », sourit-il. Le nouveau taxi a changé la vie de "Solo". Il s’est apaisé, fait attention à son apparence et aux autres et est devenu un parfait gentleman. Il le reconnaît d’ailleurs avec émotion : "Regardez-moi. Je suis bien habillé et mon véhicule est bien parfumé. Ce qui n'était pas possible avec l’ancien". Souleymane n'a pas de difficulté à rentabiliser son nouveau carosse. Au contraire, il se frotte les mains. "Je peux gagner par jour souvent plus de 17000 Fcfa après avoir versé 8000 Fcfa à notre association comme exige le contrat", avoue-t-il.
PLUS DE 25 000 FCFA PAR JOUR. Kassim Diarra a lui aussi reçu un nouveau taxi. Conducteur de taxi depuis plus de 10 ans, il est marié et père de 2 enfants. Evitant de travailler tard dans la nuit contrairement à beaucoup de ses collègues, il indique commencer « le boulot à 6 heures du matin » pour garer son véhicule à 22 heures. Kassim stationne au parking de la « Gondole » non-lieu de l'Agence nationale de la promotion de l'emploi. Ce jour-là , il y était avec quatre autres propriétaires de nouveaux taxis. Ce parking est en réalité un site de stationnement des nouveaux taxis en attente d'éventuels clients. "Après avoir déposé les clients, on revient ici. Mais ça ne nous empêche pas de sillonner la ville de temps en temps", précise Kassim qui reconnaît que les clients apprécient beaucoup les nouveaux taxis. "Beaucoup d’entre eux prennent mon numéro de téléphone et me rappellent souvent pour leurs courses", dit-il avant d'avouer : "je suis très heureux, car depuis plus de dix ans que je circule c'est la première fois que je travaille dans les conditions confortables". Kassim aussi gagne bien sa journée. Ses recettes dépassent souvent 25 000 Fcfa. "Je peux empocher souvent plus de 20.000 Fcfa par jour en dehors de la somme de 8000 Fcfa que je verse dans la caisse de notre association", indique-t-il.
Le président de la coopérative des chauffeurs et conducteurs de taxis du Mali, Alou Guissé, confirme le bon démarrage des nouveaux taxis. "Tout se passe bien, il n'y a aucun obstacle depuis que les nouveaux taxis ont commencé à circuler", assure-t-il. Pour la réussite de l'opération, la coopérative a recruté 4 contrôleurs. Ceux-ci veillent au bon fonctionnement des activités des nouveaux taxis et surtout au bon comportement des chauffeurs. La coopérative compte encore sur le soutien de l'État et des partenaires pour que cette opération fasse tache d'huile dans les années à venir à Bamako et à l'intérieur du pays. Alou Guissé souhaite à ce propos plus de nouveaux taxis dans la circulation pour éviter la pollution et les tracasseries policières.
Visiblement, ces véhicules neufs ne font que des heureux. Et d’une certaine manière, montrent la voie pour la modernisation du parc des taxis des grandes villes. Une modernisation à laquelle devrait contribuer aujourd’hui l’Office français de l’immigration et de l’intégration en mettant 10 taxis neufs à la disposition de Maliens de retour d’immigration. L’opération est menée conjointement avec notre pays qui a exempté ces véhicules de transport de taxes et de droits de douane.
M. KÉITA
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