Haruna. Allez my friends.
Guinée : la CENI sous commandement malien
Source : Autres presses : Dernière Mise à jour : 21/10/2010 (Auteur : )
A
seulement quatre jours du second tour de la présidentielle, la Guinée
ne sait décidément plus à quel saint se vouer. Il faut dire que, ces
derniers temps, la tension est montée parfois de plusieurs crans dans ce
pays où la stabilité politique demeure très fragile. Et pour ne rien
arranger, les manifestations, parfois violentes, s’y sont succédé et ont
contribué à raidir davantage des positions suffisamment tranchées ; la
dernière en date aura fait, ce mardi, deux morts et de nombreux blessés.
A ce rythme-là, on se demande si le second tour,
véritable Arlésienne du processus démocratique en Guinée, pourra enfin
se tenir. La crise s’est nouée autour de la personne du président de la
CENI. Après le procès pour fraude puis le décès de Ben Sékou Sylla,
c’est Adja Mame Camara qui avait pris la tête de la Commission
nationale.
Elle sera remplacée plus tard par Lounceny Camara,
l’homme qui, aujourd’hui, cristallise toute les suspicions du candidat
Cellou Dalein Diallo et de ses partisans, qui l’accusent de rouler pour
le camp adverse, celui du professeur Alpha Condé.
Depuis lors, la Guinée cherchait parmi ses fils et
ses filles la personnalité immaculée capable de prendre le flambeau, ou
plutôt d’attraper la patate chaude.
Et, à la surprise générale, c’est un officier
supérieur malien qui a été désigné par le général-président de la
transition, en torturant bien sûr les textes en vigueur.
Ainsi, c’est le général Siaka Toumani Sangaré, expert
en matière électorale pour le compte de la Francophonie, qui prend les
commandes du processus électoral. Au regard de ses états de service, nul
doute qu’en fin connaisseur, le général saura faire redémarrer la
machine électorale en panne.
Il sera secondé par Lounceny Camara et Adja Mame
Camara, tous deux vice- présidents. Un attelage inédit qui marchera au
pas pour sauver le second tour et ramener le pays vers une certaine
stabilité politique ; mais à moins d’un miracle, tout porte à croire que
le scrutin du 24 octobre, une fois de plus, sera repoussé à une date
ultérieure.
Et pourtant, il y a plus grave. Cette Guinée
souveraine qui a dit NON au général de Gaulle en 1958 et qui, à une
certaine époque, a fait la fierté de l’Afrique, la voilà obligée de
recourir aux compétences d’un étranger, fût-il originaire du Mali
voisin, pour résoudre des problèmes, eux, bien domestiques.
Après la nomination de notre compatriote le général
Aly Traoré à la tête du Comité de suivi et d’évaluation des actes
préparatoires du second tour, le parachutage d’un général Malien à la
tête de la CENI, en plein second tour, montre bien à quel point il est
difficile de trouver un seul Guinéen capable de faire l’unanimité.
Dès lors, il ne manquerait plus que le pays soit
placé sous administration onusienne, le temps de réduire ses nombreuses
fractures politiques et ethnorégionalistes. Assurément, il y a là de
quoi désespérer de la classe politique et de la société civile
guinéennes.
Par H. Marie Ouédraogo