Bailo, I see where Penelope lifted her demographic data on the ethnicities. The 1955 Census. Now you her frame of reference: "The Peul form the majority in La-Guinea, so a Peul should govern La-Guinea."
In democracy, when we say majority, we mean majority opinion. Not majority black, white, Arab, Peulh, Malinke, Soussou. I know quite a number of Africans confuse this word "Majority" in democracy. The reason why majority in democracy cannot address race, ethnicity, or cultural affinities, is because those are either inherited or are a form of regimented expression. Democracy is about Freedoms of expression and association for industry, religion, and politics. Democracy therefore protects all races and ethnicities by protecting the individuals of those races and ethnicities. This safeguards against mob rule and ethnic cleansing exercises by overzealous tribesmen and women and racists groups.
If majority in democracy were to mean ethnic majorities, then you will begin to see the higher crimes of ethnic culling. That premise does not favor human growth and individual rights to the freedoms itemized earlier. You will also recognize that if the Peul considered it valuable that majority means majority ethnicity, then the Peul may never have gained the status of Majority in La-Guinea because the earlier majority ethnicities would have ensured the Peul never gained majority status. And further, another majority could later violently seize power from the Peul. That is a slippery slope of wanton decrepitude. This is what Democracy realized centuries ago. Democracy is a well-researched form of multi-ethnic governance for all peoples. I encourage you and Penelope to embrace it. For your own health and sanities.
En
cette fin avril 2008, il est là, dans la petite salle funéraire de
l’hôpital Bichat de Paris. En compagnie de ses amis de toujours, Albert
et Evelyne Bourgi, il est bien hagard. Il ne pouvait pas manquer le
dernier hommage à son « petit » Elimane Fall, brutalement parti. Pour
rien au monde.
Ainsi est Alpha Condé. Paternaliste, fidèle et
exigeant en amitié. A 72 ans, il semble n’avoir rien oublié de ses
relations, forcément très nombreuses. Ne court-il pas le monde depuis
toujours ? Elève en Guinée, en France, l’exil, la clandestinité,
l’enseignement, la prison, le business international, le Parlement et
désormais la présidence. Ce n’est pas un cadeau. Il n’a point jubilé
alors qu’il vient de remporter le combat de sa vie. Celui pour lequel il
a tout sacrifié : l’argent, les honneurs, la liberté, la santé. Mais il
sait gigantesques les travaux qui l’attendent. Et il n’est pas
demi-dieu. L’apothéose n’en est que plus improbable. Mais il n’est pas
sans atouts.
Le « travail » ethnique
Alpha Condé, malinké par son père Mamadou Condé, est
né en Basse-Guinée, en pays soussou, dans le village de Boké. Sa mère,
Saran Camara, est soussou. Le second tour de l’élection présidentielle
l’a confirmé : la Guinée est malade de ses divisions ethniques. Pour son
malheur, elle n’a pas des centaines d’ethnies déjà fragilisées par leur
éclatement.
Il y a certes une trentaine de langues, mais seules
trois pèsent démographiquement. Le pular, parlé par 32%, le malinké par
23%, le soussou par 10%. Aucune autre langue n’atteint 5% de locuteurs.
Le guerzé n’en compte que 3,8%, le kissi 3,5%, le toma 1,8%, le dialonké
1,8%, etc.
Ces chiffres doivent toutefois être considérés avec
prudence. Le dernier recensement officiel basé sur les groupes ethniques
date de 1955. Les Peuls constituaient alors le groupe ethnique le plus
important (40%), suivis des Malinkés, 35%, des Soussous, 15%, puis des
Guerzés, des Kissiens, des Tomas, des Landoumas, des Bagas, appelés
forestiers, qui seraient de 5 à 9%.
A la vieillesse de la base statistique s’ajoutent les
brassages. Les ethnies se sont beaucoup « métissées » et comptent des
assimilés. Peuls et Toucouleurs, Malinkés, Kourankos et Leles, Soussous,
Bagas et Landoumas. Sous ce rapport, les Malinkés et assimilés seraient
le premier groupe ethnique, avec 30 à 35% de la population, suivis de
près par les Peuls et Toucouleurs avec 30%, les Soussous et « assimilés »
et les « forestiers » avec 18%. Les trois premiers groupes constituent à
eux seuls 75% des Guinéens.
Sur le plan géographique se note également une
certaine spatialisation ethnique. Les Malinkés à 45% en Haute Guinée,
qui recouvre presque la moitié du pays, les Peuls à 80% en Moyenne
Guinée, environ le tiers du territoire, les Soussous à 75% en Guinée
maritime, et puis la Guinée forestière où se concentrent l’essentiel des
petites ethnies dites forestières.
Mais cette répartition doit être nuancée. Les
Malinkés ont une implantation très nationale. Ils sont 35% en Guinée
forestière, 15% en Moyenne Guinée, et bien sûr très nombreux en Guinée
maritime, qui abrite la capitale où se retrouvent toutes les ethnies.
Le « travail » ethnique est le premier du président
élu. Il n’y manque pas d’atouts, son propre métissage ethnique
notamment. La tournure de la campagne électorale a malheureusement
exacerbé les divisions et ne lui aura pas facilité les choses
Gouvernement d’union nationale
Nelson Mandela, qui a, avant lui, accédé au pouvoir à
soixante- dix ans passés, est son modèle. Arc-en-ciel, a-t-il baptisé
son alliance électorale, en référence à la nation arcen- ciel de Nelson
Mandela. Comme lui, mais beaucoup moins que lui, il a fait de la prison,
doit pardonner à ses geôliers et leurs complices, à commencer par celui
qui l’envoya en prison pour cinq ans, le président de la Cour de sûreté
de l’Etat d’alors, le magistrat Mamadou Sylla Syma, actuel premier
président de la Cour suprême, qui va recevoir son serment de président.
L’Afrique du Sud devait d’abord, d’une société de
développement séparé, devenir une société non raciale. Ici, il faut
gommer les ethnies, les fondre dans une nation. Condé n’a pas attendu
son installation pour l’entreprendre. Ses premiers mots ont été de
réconciliation et il annonce déjà la formation d’un gouvernement d’union
nationale.
La peine de mort
Comme Mandela, Condé est juriste. Doctorat d’Etat en
droit de la prestigieuse Sorbonne, où il enseignera. En revanche, il ne
sera pas avocat comme son mentor. Il n’en est pas moins particulièrement
bien préparé à la tâche qui l’attend aujourd’hui. Sciences po à Paris,
avant de se nourrir des joutes politiques africaines, françaises et
communistes.
Quand il débarque en France à quinze ans chez sa
soeur à Toulouse, la ville est le 2ème fief de la Fédération nationale
des étudiants africains en France, la fameuse FEANF qui aura accueilli
presque toute l’élite politique africaine francophone. Dans une telle
ambiance, il découvre, si jeune, toutes les ficelles de la politique.
Après Toulouse, c’est Pierre Mendes- France, l’emblématique homme
d’Etat, qui est son tuteur à Louviers. Il aura vite appris les arcanes
de la politique pour décrocher la présidence convoitée de la FEANF.
Entre la Chine et l’Union soviétique, la FEANF, réputée à tort
communiste, doit souvent choisir.
A l’indépendance du pays, il se trouve dans le camp
de Sékou Touré. Dans son livre-entretien*, il nuance du reste l’héroïsme
du « non » de Sékou Touré, en réalité forcé de choisir l’indépendance
pour ne pas être débordé, notamment par la FEANF. Le compagnonnage ne
dure pas. Touré ne tarde pas à révéler sa vraie nature à l’occasion de
son premier conflit avec le syndicat enseignant. Complot, crie-t-il.
Féroce répression qui fait des dizaines de morts. Lourdes condamnations.
Pour Condé, jugé par contumace, c’est la peine de mort en 1970.
Commence alors, véritablement, sa longue opposition à
la dictature, et sa lutte pour le pouvoir. Qu’il paye d’un exil de
vingt ans. Quand la France de Giscard d’Estaing se réconcilie avec la
Guinée, il est prié de s’opposer moins vertement. Il est contraint
d’abandonner l’enseignement. Pour le business international. Un de ses
nombreux amis lui propose de diriger la branche africaine de Sucres et
Denrées. Le job lui permet, sans pouvoir aller en Guinée, de jeter les
bases de son Rassemblement du peuple de Guinée, qui s’implante d’abord
en Guinée forestière, frontalière de la Côte d’Ivoire, où il a ouvert un
bureau de Sucres et Denrées.
Ne pas se compromettre
La mort du premier dictateur n’est pas la fin des
soucis politiques de Condé. Des élections sont certes organisées sous la
pression internationale, mais les dés en sont pipés. Il ne recueille
que 27% en 1993, 18% en 1998, malgré l’annulation des résultats dans ses
fiefs de Haute Guinée. Il ne lui est même pas laissé le loisir de
contester. Il est arrêté avant la proclamation des résultats,
embastillé, condamné par la Cour de sûreté de l’Etat à cinq ans dont il
purgera la moitié. Libéré en 2001 grâce à une mobilisation
internationale.
Malgré toutes ces épreuves, finalement un long sacerdoce pour le
service de la démocratie et de la nation guinéenne, Condé n’a jamais
cédé. Conté lui a plusieurs fois proposé de rejoindre le gouvernement.
Sa ligne de conduite a été invariable : ne pas se compromettre avec la
dictature. Même dans un gouvernement d’union nationale. Peut-être pour
rester l’emblème du « non ». L’authentique.
Chérif Elvalide Sèye
• Un Africain engagé, Jean Picollec, 2010.
SOURCE LES AFRIQUES