Kane Diallo, ancien directeur général du
Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec), Bara Sady, directeur général
du Port autonome de Dakar (Pad) n’ont qu’à surveiller leurs arrières.
Mis en cause dans les audits, ils devraient subir le même sort que le
libéral en chef de Colobane.
Tous les directeurs des entreprises publiques
épinglés par les audits doivent avoir des bons marabouts pour espérer
échapper à la guillotine. Après l’ancien directeur général de l’Agence
pour l’électrification rurale (Aser), qui a été inculpé et écroué à la
prison de Rebeuss pour un découvert bancaire de 2,1 milliards de francs,
tous les autres ‘gros bonnets’ du régime, qui se croyaient jusque-là
intouchables à cause de leurs relations avec le pouvoir, ont du souci à
se faire. Et en premier lieu Amadou Kane Diallo, l’ancien directeur
général du Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec), Bara Sady,
directeur général du Port autonome de Dakar (Pad). Mis en cause dans les
audits, ils n’ont qu’à surveiller leurs arrières. Dans le collimateur
de la justice, depuis quelque temps, leur présentation devant le
procureur de la République ne serait plus qu’une question de jours. Si
l’ancien directeur général de l’Aser et rival sérieux de Pape Diop pour
le contrôle de la formation libérale dans la capitale est tombé,
personne ou presque ne devrait plus se sentir intouchable. Si Modibo
Diop qui draine incontestablement un monde derrière lui a trinqué, tous
les responsables libéraux cloués au pilori peuvent l’être. Il en est
ainsi de Kane Diallo, épinglé par un rapport de l’Ige puis promu au rang
de ministre-conseiller, de Bara Sady, qui garde toujours son moelleux
fauteuil, entre autres.
Soumis à la pression des bailleurs de fonds et des partenaires au
développement, le président de la République, Abdoulaye Wade, est quasi
obligé de mettre de l’ordre dans la gestion des affaires publiques et de
‘laisser la justice faire son travail’. Il doit donner des gages de
transparence et de bonne gestion aux bailleurs de fonds qui n’ont cessé
de dénoncer la corruption, l’opacité qui entoure la passation des
marchés publics et la mauvaise gestion. Me Wade, qui fermait les yeux et
tordait parfois la main de la justice devant des cas avérés de mauvaise
gestion, est maintenant obligé de tenir compte de la pression des
bailleurs. Même si cela doit se faire au détriment des porteurs de voix.
L’élection présidentielle approche à grands pas
certes. Et Wade qui est candidat déclaré à ces joutes a besoin de toutes
les voix des responsables et de leurs militants. Néanmoins, le chef de
l’Etat, Me Wade, qui veut faire du Sénégal, aux yeux de la communauté
internationale, un modèle de démocratie, de bonne gouvernance,
d’indépendance et de justice a donné des signaux qui dénotent qu’il est
dans les dispositions de conduire les gestionnaires indélicats à
l’abattoir ou, plutôt, à Rebeuss. Et cela pour faire bonne figure devant
ses partenaires financiers, qui ne cessent de dénoncer la mauvaise
gestion. Pis, son ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, s’est
montré insensible à toute forme de pression. Aussi, c’est avec une
certaine marge de manœuvre que Dic, parquet et cabinets d’instruction
travaillent en parfaite symbiose. Un nouvel état d’esprit qui ne fait
pas que des heureux.
Charles Gaïky DIENE