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Reporters sans frontières (http://www.rsf.org)
Alerte


13 janvier 2011

COTE D'IVOIRE

"Nous sommes plongés dans la terreur" : les journalistes ivoiriens et étrangers empêchés de travailler librement

Reporters sans frontières dénonce les intimidations répétées et les actes de violences perpétrés contre plusieurs journalistes en Côte d'Ivoire alors que la crise politique née de l'issue de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010 perdure.

 

"Nous déplorons le climat de peur qui pèse actuellement à Abidjan sur les journalistes couvrant l'actualité ivoirienne. Le pourrissement de la situation, la poursuite du bras de fer entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, et les violences rendent la vie très difficile aux reporters, soumis à la fois à de fortes pressions et à des problèmes de sécurité. Depuis le 28 novembre dernier, la presse est prise en otage", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.

 

Préférant garder l'anonymat, plusieurs journalistes ivoiriens témoignent du climat de peur actuel. "C'est vrai que nos journaux paraissent, mais il est très difficile de travailler actuellement en toute quiétude. Nous recevons des menaces de mort, tous les jours, sous forme de SMS ou d'appels téléphoniques.  Aujourd'hui, par peur d'être attaqués, nous avons été obligés d'abandonner le siège du journal pour travailler ailleurs", a confié à Reporters sans frontières un journaliste ivoirien de presse écrite.

 

"Malgré notre indépendance et nos efforts pour être neutres, nous avons reçu des pressions de la Présidence qui ne veut pas qu'on appelle Alassane Ouattara "le Président élu". Nous sommes donc obligés d'écrire par exemple 'l'ancien Premier ministre' ou 'le mentor du RHDP'", regrette pour sa part le rédacteur en chef d'un quotidien ivoirien. 

 

Après un mois de décembre déjà dangereux, les journalistes ont risqué leur vie lorsqu'ils ont couvert les affrontements meurtriers survenus cette semaine entre policiers, gendarmes et militaires d'un côté, et populations locales de l'autre, dans certains quartiers d'Abidjan comme Abobo (nord de la ville, réputé pro-Ouattara). "On n'est pas à l'abri, on ne sait pas d'où la balle va venir", s'inquiète un journaliste ivoirien.

 

Le 11 janvier, à Abidjan, une équipe de la chaîne panafricaine Vox Africa qui se déplaçait avec des Casques bleus a été braquée à la kalachnikov par des éléments de la Garde républicaine appuyés par des membres du Centre de commandement des opérations de sécurité (CECOS), de la gendarmerie et de la Brigade anti-émeute (BAE). Le menaçant de l'abattre s'il ne coopérait pas, les éléments de la Garde républicaine se sont faits remettre par le caméraman sa caméra, qu'ils ont rendue le lendemain à la brigade de recherches de la gendarmerie d'Abidjan.

 

Dans les médias publics, à la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) ou au sein du quotidien Fraternité Matin, les journalistes reconnus ou supposés proches du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) sont mis à l'index. L'un d'entre eux, animateur d'une émission sportive, a été exclu de l'antenne, le 5 janvier 2010. D'autres ne se rendent plus au travail.

 

Début janvier, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies, Alain le Roy, a évoqué les "très grosses difficultés" endurées par l'Onuci, confrontée à une population "de plus en plus hostile", en raison, selon lui, "des affirmations mensongères" de la télévision d'Etat RTI. Les membres du Conseil de sécurité ont ensuite demandé "un arrêt immédiat de l'utilisation des médias, spécialement par l'intermédiaire de la RTI, pour propager de fausses informations et inciter à la haine et à la violence, y compris contre l'ONU".

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COTE D'IVOIRE

Climate of fear prevents journalists from working freely

Reporters Without Borders condemns the acts of intimidation and violence to which journalists are currently being subjected in Côte d'Ivoire, as the political crisis resulting from the 28 November presidential election drags on with no sign of a resolution in sight.

 

“We deplore the climate of fear in Abidjan for journalists trying to cover developments,” Reporters Without Borders secretary-general Jean-François Julliard said. “The continuing struggle between Alassane Ouattara and Laurent Gbagbo, the violence and the deterioration in the situation are making life very difficult for them. Exposed to major harassment and security problems, the press has been a hostage since 28 November.”

 

Several Ivorian journalists have spoken about their concerns to Reporters Without Borders on condition of anonymity.

 

“It is true that our newspapers are still coming out, but it is now very difficult to work in peace,” a print media journalist said. “We receive death threats every day in SMS messages or phone calls. Today, for fear of being attacked, we were forced to abandon the newspaper’s headquarters and work elsewhere.”

 

The editor of an Ivorian daily said: “Despite our independence and our attempts to be neutral, we have been pressured by the president’s office, which does not want us to refer to Alassane Ouattara as the ‘president-elect.’ So we are forced to call him the ‘former prime minister’ or ‘mentor of the RHDP’ party.”

 

After a dangerous month of December, journalists risked their lives again to cover this week’s deadly clashes between, on one hand, police, gendarmes and soldiers and, on the other, the population of certain Abidjan districts such as Abobo, in the north of the city, which is reputedly pro-Ouattara. “We have no protection, we don’t know where the shots are going to come from,” an Ivorian journalist said.

 

A crew with the pan-African TV station Vox Africa accompanying UN peacekeepers in the Yopougon district of Abidjan on 11 January found Kalashnikovs being pointed at them by members of the Republican Guard and the Security Operations Command Centre (CECOS), formed by the gendarmerie and the Anti-Riot Squad (BAE). The cameraman was forced to surrender his camera to the Republican Guard under threat of being shot. The crew recovered it yesterday at the headquarters of the Abidjan gendarmerie’s criminal investigation department.

 

In the state-owned media, especially Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) and the daily Fraternité Matin, journalists are being blacklisted if they are known or assumed to be supporters of Ouattara’s party, the Houphouëtiste Rally for Democracy and Peace (RHDP). One, the host of a sports programme, was prevented from broadcasting on 5 January. Others have stopped going to work.

 

Alain le Roy, the head of the United Nations peacekeeping mission in Côte d'Ivoire, ONUCI, said at the start of January that the mission was encountering “very serious difficulties” because of growing hostility from the population that was being fuelled by the “mendacious claims” being broadcast by the state-owned RTI.

 

The UN Security Council responded on 10 January by demanding “an immediate halt to the use of media, especially RTI, to propagate false information to incite hatred and violence, including against the UN.”



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Ambroise PIERRE
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