«
Je vais faire la politique, c’est mon métier. Vous savez, j’ai étudié
la politique en tant que science et je la fais en tant qu’action…»
Le
président de l’Union pour le progrès de Guinée - UPG - continu son
séjour en Guinée Forestière. Le mardi 25 janvier dernier, Guinéenews©
l’a rencontré dans un hôtel de N’Zérékoré pour parler de sa nouvelle
situation politique.
Guinéenews© : Bonjour M. Doré, avez-vous
aujourd’hui le regret d’avoir quitté les affaires après l’élection
d’Alpha Condé à la tête de l’Etat guinéen ?
Jean Marie Doré :
En aucun cas je ne dois avoir de regrets. J’avais une mission de durée
déterminée. J’ai accompli ma mission. Et je reprends ma place de leader
politique.
Quand on fait bien sa mission, on n’a pas à avoir de
regrets, parce que l’élection devait pourvoir en Guinée, un chef d’Etat
légal, légitime. Ça serait une erreur et même aberrant qu’on est de
regrets de quitter le gouvernement.
Guinéenews© : Quelle aura
été votre contribution dans le cadre du processus électoral de notre
pays notamment avec l’élection d’Alpha Condé?
Jean Marie Doré : J’étais chargé, en liaison avec d’autres institutions, d’organiser des élections libres, transparentes et légales.
Et,
en plus de cette action, le travail spécial du gouvernement a été de
créer les conditions de sécurité, et de paix sociale et civile pour
garantir l’organisation des élections.
Le peuple de Guinée, aidé
par Dieu, a favorisé le succès de cette action pour maintenir la paix
civile et épargner notre pays à des désagréments de la guerre civile
avec ce qui s’en suit.
Je suis vraiment très satisfait. Je
félicite notre peuple, je félicite mes collaborateurs qui ont été héros.
En dépit des embûches suscitées, ils ont posé des actes efficaces.
Notre
travail n’est pas de contribuer à faire élire qui que se soit. Mais
notre devoir était de garantir un climat qui favorise le libre vote des
citoyens. C’est ça notre contribution.
Guinéenews© : Quel souvenir voulez-vous que l’on retienne de votre passage à la Primature ?
Jean Marie Doré :
Ecoutez, je ne sais pas. Chacun peut le faire à son image. Je n’ai pas
de souhait particulier. Je fais mon travail, j’ai rendu ma copie
proprement. La sanction du peuple est tombée, on a épargné à notre
peuple de connaître du désordre comme on le connaît dans les pays
limitrophes de la sous-région.
Je pense que tout patriote doit jouer sa partition sans attendre qu’on lui décerne un diplôme.
Guinéenews©
: Vous voulez briguer la présidence de la future Assemblée Nationale
guinéenne. Quels sont les atouts dont vous disposez pour y parvenir ?
Jean Marie Doré :
La confiance des populations de mon pays. Le mouvement de population
avec moi à N’Zérékoré, c’est le mouvement à Lola, Macenta, Gueckédou,
Kissidougou, Coyah et Faranah en Haute Guinée, bref je cite les
localités effectuées.
A mon retour à Conakry, je vais passer par
les préfectures du Foutah, la Moyenne Guinée et de Conakry je
reprendrai mon périple vers les préfectures de la Basse Guinée.
Guinéenews© : Soit dit de passage que vous êtes en tournée politique nationale ?
Jean Marie Doré :
Absolument, car vous ne pouvez pas gagner les élections que dans votre
village seulement. Sinon, vous n’êtes pas un leader national. Sans doute
que vous ne pouvez pas faire les mêmes scores partout. Mais il est bon,
qu’un parti national puisse faire un discours qui convient à tous et
qui incorpore les intérêts des habitants des quatre régions du pays.
C’est
ça faire la politique nationale, ne pas être seulement spécialiste de
son village. C’est donc connaître les préoccupations des gens de
l’intérieur du pays et aussi de Conakry qui croupit actuellement sous le
poids des saletés et de l’obscurité.
Je crois qu’une Assemblée
Nationale bien constituée par des hommes et femmes de toute discipline,
de toute origine permettra de cerner les intérêts profonds de notre
pays.
Parce que je désire que mon groupe à l’Assemblée Nationale
soit composé des habitants de chacune de nos régions. C’est ça les
atouts. Je prétends connaître profondément mon pays la Guinée. Mais il
faut partir de quelque parti, parce que personne n’est tombé du ciel.
L’on doit choisir les gens selon leur compétence, dévouement, patriotisme et non pas selon la consonance de leur nom.
C’est
pourquoi je profite de votre micro pour répéter ce qui est un motif
pour moi. J’ai entendu des choses au cours des campagnes électorales
passées, ce sont des choses inacceptables.
Des gens disent,
c’est notre tour, ça ne sera jamais le tour d’une région. Ça sera
toujours le tour de quelqu’un qui aura présenté le programme qui sera
accepté par le peuple de Guinée.
Ça veut dire que s’il y a
aujourd’hui un président Soussou, si demain il y a un autre soussou qui
présentera un programme de société qui est accepté de tous les Guinéens
alors il sera le président élu et autant de fois que nécessaire qu’un
soussou sera président selon la volonté des Guinéens.
On ne peut
pas dire aujourd’hui que c’est la Forêt, demain c’est tel ou tel autre.
En ce moment la Guinée n’est pas une nation. Il faut qu’on forme une
vraie nation, qu’on élise des hommes d’Etats compétents, capables du
sacrifice suprême pour la communauté nationale.
Tant qu’on n’a pas fait ça, on n’est pas une nation. Voilà.
Guinéenews© : Au-delà de vos activités politiques, dans quel domaine vous intéressez vous ?
Jean Marie Doré : Écrire l’histoire, j’écris l’histoire.
Guinéenews© : En quoi faisant ?
Jean Marie Doré :
J’écris et je diffuse des livres dont l’un portant sur l’histoire de la
Guinée Forestière depuis Kissidougou jusqu’en Côte d’Ivoire en
incorporant la Sierra Leone et le Libéria. Parce que c’est une histoire
qui est mal connue. J’ai un autre livre qui va parler des migrations en
Afrique de l’Ouest.
J’attache beaucoup d’importance à ce livre parce que çà montre que ce sont les mêmes populations qui tournent en rond.
Ceux
qui étaient autrefois, au 13eme siècle, des manding sont aujourd’hui
des Manoh, les Tomas sont restés longtemps dans la zone de Kankan et les
Guerzés dans la zone de Beyla.
Et puis, quand Daouda Touré, le
dernier fils d’Askia Mohamed a pris le pouvoir, il a cassé le Mali.
Alors cela a obligé les Malinkés rescapés de fouir vers le Sud qui sont
venus bousculer les populations déjà installées là-bas.
Donc, ici tout le monde tourne en rond.
Nous
sommes aujourd’hui forestiers par le fait de l’histoire, demain nos
descendants peuvent être dans le pays Baoulé ou dans le Mossi.
En
effet, la leçon que l’on peut tirer cette histoire, c’est que
réellement le concept d’ethnie est obsolète. Dans la réalité efficace,
pas dans la tête et dans le sentiment. Une chose c’est la raison et
l’autre c’est le sentiment. Le sentiment nous lie a des choses sans
sens.
Guinéenews© : Selon certains de vos détracteurs, vous
n’avez pas perdu du temps au Palais de la Colombe tant vous vous êtes
fait plus de vingt hectares d’hévéa et une belle maison entre autres.
Qu’en dites-vous ?
Jean Marie Doré : Si ces détracteurs ont cette information, c’est bien. Moi, je suis très généreux, je les en fais cadeau.
Avant, mon père avait de grandes plantations de café. Mais entretenir une caféière n’est pas rentable.
La
Soguipah (société guinéenne de palmier et d’hévéa) est venue
s’installer à Diecké dans la préfecture de Yomou. Là, il y avait des
paysans qui avaient autrefois un revenu zéro, qui arrivent actuellement à
gagner entre quinze et vingt millions de francs guinéens par mois.
Est-ce que vous croyez que je suis bête qu’un paysan ? Non. Donc, comme
j’ai beaucoup de terres alors je plante. En effet, j’ai plus que vingt
hectares d’hévéa, vous pouvez multiplier ce chiffre par plusieurs autres
chiffres.
Par ailleurs, j’avais fait une malheureuse expérience
de construction alors j’ai préféré donner à quelqu’un d’autre pour me
construire une maison mais celui-ci a mal travaillé (rire) parce que le
salon est exigu. Mais, au moins j’ai ça. Donc, ce n’est un cadeau que
Foret Forte m‘a fait, j’ai donné l’argent.
Guineenews© : Quelles sont vos perspectives?
Jean
Marie Doré : Je vais faire la politique, c’est mon métier. Vous savez,
j’ai étudié la politique en tant que science et je la fais en tant
qu’action.
Donc, je vais gérer mon parti avec mes compagnons de
combat politique. Et si j’ai d’autres terres demain je vais planter des
hévéas pour devenir le plus grand planteur d’hévéa de la région. Je
voudrais égaler voire dépasser la Soguipah mais mes moyens sont limités.
De N’Zérékoré, propos recueillis par Emmanuel Toumany, correspondant permanent de Guinéenews© en Guinée Forestière. |