C’est
dans un stade omnisports Modibo Kéita archicomble que l’Union des
chambres consulaires du Mali (CCIM, APCAM, APCMM) ont remis au président
de la République, Amadou Toumani Touré, une médaille d’un kilogramme
d’or et d’une valeur estimée à 20 millions de francs CFA. C’était le
samedi 5 février 2011, en présence du Premier ministre, Modibo Sidibé et
des membres du gouvernement. Etaient également présents, les
diplomates, plusieurs députés, responsables politiques et associatifs
ainsi que le monde des affaires du Mali.
Cette médaille, qui a fait coulé beaucoup d’encre et de salives avant
même sa remise à ATT, a été gentiment refusé par ce dernier. En effet,
en homme d’Etat averti, le locataire de Koulouba a publiquement déclaré
immédiatement après avoir reçu la distinction honorifique : « j’irai
garder dès ce lundi 7 février, cette médaille au musée nationale. » ATT a
une fois de plus surpris non seulement l’auditoire mais aussi et
surtout son peuple parce que chaque fois qu’un groupe d’intérêt veut le
piéger, il s’en sort intelligemment. La semaine dernière, c’était « les
Citoyens libres de toute contrainte » de Sikasso qui invitaient ATT à
rester au pouvoir jusqu’en 2014, au nom disent-ils de l’harmonisation
des mandats communaux, législatifs et présidentiel, afin de lui
permettre de parachever les grands chantiers qu’il entamés pour le
développement et la prospérité de notre pays. Le président de la
République les a envoyés se faire paître. Aujourd’hui, ce sont les
commerçants, les agriculteurs, les éleveurs, les artisans qui doivent
souffrir la lucidité d’ATT et son refus de compromission avec des
milieux peu catholiques. ATT a donc été bien inspiré ou disons bien
conseiller de renvoyer cette médaille au musée national afin que nos
enfants et petit fils la visiteront un jour et tireront de belles leçons
de patriotisme au cours de leur randonnée muséologique. La médaille de
Bittar sera à partir de ce jour un patrimoine national. ATT aurait pu
accepter cette décoration si elle était symbolique (c’est-à-dire sans
une valeur monétaire).
Bittar et les siens doivent désormais méditer sur le geste d’ATT. Ils
ont mobilisé plus de 300 millions de nos francs pour l’organisation de
cet évènement inédit mais ils ne s’attendaient pas certainement à cette
nouvelle donne.
Est-ce à dire qu’ATT a humilié Bittar et les siens ? Tout dépendra de la grille de lecture de chacun d’entre nous.
ATT de par sa culture n’est pas généralement un homme qui abaisse. Le
fait d’accepter cette distinction honorifique signifie qu’il a bien
donné de la considération aux organisateurs. Mais comme la médaille est
en or et qu’elle a été donnée au président de la République du Mali, il
est de son devoir de la mettre à la disposition du patrimoine collectif.
D’autre part, le fait de renvoyer la médaille au musée national pourrait
être interprété que c’est bien à son corps défendant qu’il a pris le
métal jaune. Aussi, n’a-t-il pas voulu se compromettre d’une manière ou
d’une autre et a procédé de cette façon. C’est également un
comportement significatif tendant, peut être, à dire au monde des
affaires que « je n’ai pas pris votre or et je ne vous dois absolument
rien. Ne venez donc pas me fatiguer pour des exonérations et des
demandes des marchés qui jurent avec la transparence.»
Rappelons que cette initiative des chambres consulaires a été justifiée
par le fait que : «depuis son accession au pouvoir en 2002, après un
bref passage en 1991 durant la transition, ATT a œuvré pour faire du
Mali un exemple de pays démocratique et de gouvernance en Afrique. A ce
titre, il a contribué à la promotion de tous les secteurs de
développement du pays à savoir la gouvernance macro-économique,
l’éducation, la santé, le secteur privé, l’agriculture, l’artisanat et
le tourisme, l’emploi des jeunes et la formation professionnelle, la
promotion du genre, les infrastructures et équipements, les logements
sociaux. Toutes ces réalisations ont été menées dans un contexte de paix
sociale et de respect des citoyens sur la base de nos valeurs
culturelles ».
Chahana Takiou et Youssouf Diallo
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