Les
Nations unies enquêtent sur de possibles transferts d’armes en
provenance du Zimbabwe et à destination du président sortant ivoirien
Laurent Gbagbo en violation des sanctions de l’Onu, selon un rapport que
s’est procuré jeudi l’agence Reuters.
La divulgation de ce document confidentiel intervient
alors que la tension est montée d’un cran ces derniers jours en Côte
d’Ivoire avec des affrontements armés entre partisans de Laurent Gbagbo
et d’Alassane Ouattara, que la quasi-totalité de la communauté
internationale considère comme le vainqueur du second tour de l’élection
présidentielle du 28 novembre.
Le rapport émane de l’Onuci, la mission de l’Onu. On y
lit que la mission réunit davantage d’informations sur "l’arrivée de
cargaisons d’armes légères en provenance du Zimbabwe". Selon des
responsables onusiens contactés par Reuters, ces chargements sont
destinés aux forces fidèles à Gbagbo.
En janvier, le président sortant a dépêché un émissaire à Harare, la capitale du Zimbabwe.
La Côte d’Ivoire fait l’objet d’un embargo sur les
ventes d’armes depuis 2004, lorsque des forces gbagbistes avaient
bombardé des soldats français de l’opération Licorne à Bouaké. On estime
que l’interdiction a été régulièrement contournée par les protagonistes
de la crise ivoirienne.
Le rapport de l’Onuci précise que la mission de l’Onu
surveille également dix conteneurs qui "pourraient renfermer des camions
ou des blindés". "Ce chargement se trouve depuis six mois sur
l’aéroport d’Abidjan. Des photographies aériennes ont confirmé la
présence de ces conteneurs, qui sont placés sous surveillance militaire
24 heures sur 24, sept jours sur sept", peut-on lire.
LIVRAISON SUSPECTE D’ANGOLA
Pour Philippe Bolopion, représentant de l’organisation
de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, les pays apportant
une aide à Laurent Gbagbo devraient être prudents.
"Compte tenu des exemples documentés d’attaques sur des
civils par des forces pro-Gbagbo, les pays violant l’embargo pour
fournir des armes à ses forces pourraient être complices de graves
atteintes aux droits de l’homme", a-t-il dit.
Le rapport de l’Onuci mentionne également une "livraison
suspecte en provenance d’Angola", comprenant notamment deux chasseurs
Soukhoi-27 et un bombardier MIG-25 repérés au Cap-Vert, et un avion
cargo russe vu à Abidjan en janvier.
Cet appareil russe, ajoute le rapport, "a une capacité
de considérable, susceptible de transporter du matériel militaire lourd
ou une compagnie de soldats".
A la délégation onusienne du Zimbabwe, un responsable a
exprimé sa surprise face à ces allégations et s’est refusé à tout
commentaire. Aucun diplomate de la mission angolaise à l’Onu n’a pu être
contacté.
Les relations entre Gbagbo et la mission ivoirienne de
l’Onu, dont le représentant spécial a certifié la victoire de Ouattara,
sont au plus bas. Le président sortant a exigé le départ des casques
bleus, une demande laissée sans suite. Les soldats de l’Onu assurent la
protection de Ouattara et de ses conseillers, qui vivent retranchés dans
l’Hôtel du Golf d’Abidjan.
Henri-Pierre André pour le service français
Publié le vendredi 4 mars 2011 | Reuters