Guillaume Soro promet des enquêtes sur les massacres
Des
enquêtes sur des massacres signalés dans l’ouest de la Côte d’Ivoire
seront menées et les responsables seront punis, a affirmé dimanche soir
Guillaume Soro, le premier ministre d’Alassane Ouattara, président
ivoirien reconnu par la communauté internationale. "La position du
gouvernement ivoirien est claire et nette : il n’y a pas d’impunité.
Nous allons mener des enquêtes et ceux qui seront responsables – parce
que nous voulons un État de droit – seront punis", a-t-il déclaré dans
une interview diffusée par la chaîne de télévision internationale
francophone TV5 Monde.
Selon
l’ONU et plusieurs organisations internationales, la prise de Duékoué –
important carrefour de l’Ouest ivoirien – mardi 29 mars par les
combattants pro-Ouattara s’est accompagnée de massacres à grande
échelle, les bilans allant de 330 tués à un millier de "morts ou
disparus".
"Des centaines de personnes ont été massacrées" fin mars
à Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, a déclaré dimanche, depuis
Duékoué, François Danel, directeur général de l’ONG Action contre la
faim (ACF), après s’être rendu dimanche dans cette ville de l’ouest de
la Côte d’Ivoire. "Les exactions continuent", même si "je n’en ai pas
été le témoin", a affirmé le directeur général d’ACF, l’un des premiers
responsables d’une ONG occidentale présents à Duékoué.
Le CICR évoque "au moins 800 morts" pour la seule
journée du 29 mars, parlant de "violences intercommunautaires", et l’ONG
catholique Caritas fait état d’"un millier de morts ou disparus" entre
les 27 et 29 mars. Selon l’Onuci, "la plupart" des 330 morts de Duékoué
sont le fait des combattants ouattaristes, les autres l’étant
essentiellement des miliciens et mercenaires libériens du président
sortant Laurent Gbagbo.
L’ONUCI critiquée par les Ouattaristes
Réagissant aux accusations d’exactions, M. Soro a
"condamné fermement la légèreté avec laquelle ces organisations (...)
ont choisi d’incriminer les forces républicaines de Côte d’Ivoire". "Je
les aurais entendues et même comprises si ces organisations avaient
demandé des investigations, une commission d’enquête internationale",
a-t-il poursuivi. Selon lui, depuis le mois de décembre, alors que les
forces pro-Ouattara n’étaient pas encore à Duékoué, à Guiglo et à
Toulépleu, "tout le monde avait déjà signalé des massacres à l’ouest de
la Côte d’Ivoire du fait de la présence des mercenaires libériens et de
milices organisées pro-Gbagbo".
Ally Coulibaly, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France
nommé par le président reconnu par la communauté internationale Alassane
Ouattara, s’en prend à la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci).
"L’Onuci nous dit qu’il y a des massacres mais où l’Onuci était-elle ?
L’Onuci n’était pas en place quand les forces républicaines
[ouattaristes] sont arrivées, l’Onuci était aux abonnés absents, on ne
peut pas après venir porter des accusations (...), chercher à ternir
l’image du président Alassane Ouattara", a-t-il dénoncé lundi matin sur
la radio France-Info.
"Qu’il y ait eu des massacres, personne ne peut le
nier", a-t-il encore déclaré. Mais "en aucun cas les forces
républicaines ne sont impliquées dans ces massacres", a assuré Ally
Coulibaly, ajoutant que "le procureur de la région de Daloa a été saisi
pour élucider les faits".
Un porte-parole de l’ONU a indiqué, dimanche, qu’au
cours d’une conversation téléphonique avec le secrétaire général des
Nations unies, Ban Ki-moon, le président Ouattara avait démenti une
nouvelle fois les accusations selon lesquelles ses partisans auraient
participé au massacre de vendredi à Duékoué. Concernant l’offensive sur
Abidjan, Guillaume Soro a indiqué que les forces favorables à M.Ouattara
n’avaient pas encore attaqué le palais présidentiel et la résidence de
Laurent Gbagbo. "Nous nous contentons de faire du harcèlement des
troupes de M. Gbagbo pour les épuiser", a précisé le premier ministre.
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 04.04.11 | 10h22