Colonel Youssouf Traoré,
Président de l’Union des Forces Démocratiques pour le Progrès (UFDP) :
« Nous optons pour le fichier électoral tiré du RACE »
Nous
sommes actuellement plongés dans une grande réflexion pour le choix du
fichier électoral qui doit en principe prendre fin dans les prochains
jours. Le Comité d’experts doit déposer son rapport. Mais, d’ores et
déjà, je puis vous dire que nous optons pour le fichier électoral tiré
du RACE, même si nous exigeons qu’il soit amélioré.
Je rappelle notre sens, cette option se justifie par
plusieurs raisons. D’abord, nous n’avons pas les résultats définitifs du
RAVEC qui puissent permettre l’élaboration d’un fichier raisonnable
avant les élections. Il faut aussi prendre en compte le coût de
l’opération estimé à 15 milliards de FCFA que l’Etat doit rapidement
mobiliser. A l’état actuel des choses, le seul fichier disponible est
celui qui a été tiré du RACE que nous pouvons rapidement améliorer pour
tenir les élections dans les délais constitutionnels. Il faut aussi
rappeler que l’expérience ivoirienne hante encore les esprits. Donc, il
faut tout faire pour éviter à notre pays un vide constitutionnel.
Quelle appréciation faites-vous des reformes constitutionnelles annoncées ?
Mon parti est sur le front de la lutte politique depuis
1991 et se bat pour l’ancrage démocratique et l’amélioration des
conditions de vie des Maliens. Il faut rappeler que la démocratie
malienne a 20 ans et personne ne peut lui demander de se contenter du
statut quo. Tout évolue dans le monde et le Mali avec. Après 20 ans, il
est patent que des institutions peinent à fonctionner et ont besoin de
changement pour une évolution accélérée du pays. Il faut que les uns et
les autres comprennent que l’Etat est une continuité et que la machine
ne peut pas s’arrêter. La question n’est pas de savoir si le Président
devait les faire au début ou à la fin de son mandat.
L’important est qu’elles puissent permettre au Mali
d’évoluer et aider au renforcement de la démocratie. Donc, il n’est pas
aujourd’hui raisonnable de demander aux Maliens d’attendre deux ou trois
ans, afin qu’un autre Président République vienne faire les réformes.
En pensant comme cela, on devait demander à ATT de surseoir à la
réalisation de l’échangeur multiple et lui demander de ne pas initier le
projet de l’autoroute de Ségou.
Notre pays est cité partout dans le monde comme un
exemple de démocratie. Et, notre parti est entièrement acquis aux
réformes qui touchent tous les secteurs, afin que l’aura de notre pays
grandisse. Nous pensons que les reformes sont salutaires. Un pays
soucieux d’améliorer le fonctionnement de ses institutions doit à un
moment donné songer à faire des reformes. Il faut que les Maliens
comprennent que les reformes ne sont pas celles de la CARI, encore moins
de Daba Diawara, mais elles ont été initiées par le Président ATT dans
le cadre des pouvoirs que la constitution malienne lui donne.
Quelle est votre lecture du contexte politique et social actuel du pays ?
Le contexte politique est assez confus, pour ne pas dire
que rien n’est actuellement clair. A la veille des élections, les
formations politiques s’agitent. Les alliances se font et se défont en
fonction des ambitions. Et, je pense qu’il y a lieu d’attendre la fin de
l’année pour voir clair dans le paysage politique malien. Mais, je peux
vous dire que 2012, ne sera pas comme les autres élections que le pays a
connu, tant les enjeux sont extrêmement importants.
Le Président sortant n’est pas candidat à sa propre
succession, qui plus n’a pas de dauphin, alors qui sera le futur
Président du Mali ? Nous attendons de le savoir. Mais dans tous les cas,
il est clair que le Mali a besoin d’un homme ou d’une femme qui soit à
la hauteur et en qui ont peut faire confiance pour relever les nombreux
défis auxquels le pays est confronté au quotidien. Je ne surprendrai
personne en parlant des différents rapports du vérificateur général qui
nous donnent des soucis. On constate que de plus en plus, la délinquance
financière a tendance à devenir une pratique nationale inacceptable et
qui jure avec tout ce que nous pouvons imaginer.
Assane Koné
30 Juin 2011.