L’Afrique doit donner une nouvelle image d’elle-même. « Si nous
voulons transformer le continent africain, il faut gouverner autrement,
les temps ont changé, presque 70% de la population africaine a moins de
30 ans ». ». Pour sa première intervention devant le Forum
économique mondial, le président guinéen, Alpha Condé, n’a pas pratiqué
la langue de bois. Devant un parterre de personnalités allant des chefs
d’Etats et de gouvernements du monde, des banquiers, patrons
représentants plus de 1600 multinationales, aux responsables du
système des Nations Unies et du FMI. Sans oublier les Prix Nobel, les
présidents d’ONG comme Amnesty International, des responsables
internationaux du monde syndical. Même si le Davos de l’an 2012 est
moins marqué par les manifestations anti G20 des années précédentes.
Cette fois-ci à Davos, le menu du Forum était double : la crise
financière européenne d’un côté et la transformation de l’Afrique de
l’autre. Un tableau qui conduit à une réflexion sur le capitalisme au
XXI ème siècle, face à l’émergence de la nouvelle société. Pour le
professeur Alpha Condé, il faut d’abord pratiquer la transparence dans
la gestion économique d’aujourd’hui. En donnant en exemple, le très
convoité secteur minier guinéen dans l’attente de l’adoption d’un
nouveau code tenant compte à la fois de l’intérêt national et de la
sécurité de l’investissement international. C'est-à-dire, en ligne de
mire, la lutte contre la corruption dans le secteur public.
Sur cette
question, le nouveau président guinéen a été, on ne peut plus clair : «
nous allons agir en publiant la liste des contrats conclus dans tous
les secteurs vitaux, les procédures et les accomplissements, par voie
de presse y compris, la presse électronique. C’est pour nous, une façon
d’offrir la clarté et la garantie à nos partenaires extérieurs. Il n’y
aura plus de secret, tout se fera en plein jour, et le peuple sera
informé et accessoirement associé à la prise de décision ».
Ensuite, il s’agit d’œuvrer en faveur d’une politique économique
forte, surtout en matière d’énergie, transports et infrastructures pour
lesquels, d’ailleurs, le chef de l’Etat guinéen propose à l’Union
africaine, la création de ministères africains, chargés de ces
départements à l’échelle continentale, au nom d’une politique du même
nom. « Car l’étroitesse de nos marchés devraient nous inciter à
sortir de nos égoïsmes nationaux, pour construire l’Afrique sur le
modèle de l’Europe du charbon et de l’acier à l’origine de la création
de l’Union européenne. Au lieu de nous enfermer dans nos frontières
actuelles n’offrant aucune perspective de développement économique. Et
pour cela, l’Afrique doit désormais compter avec des dirigeants soucieux
de l’intérêt national, et de la protection de ses ressources ». Dans
sa plaidoirie à Davos, le président Alpha Condé rêve d’une Afrique
nouvelle, dans laquelle, la démocratie avance à grands pas, d’un
partenariat économique gagnant-gagnant, l’attrait de compétences
continentales, pour mieux mettre en avant, nos capacités, comme une
accélération de l’histoire. Pour enfin, sortir de la faiblesse de nos
échanges économiques interafricains.
Ainsi fut le discours de Davos. Luxueuse station thermale, dans une
Suisse destination privilégiée d’une riche population européenne, dans
un pays où le salaire minimum de croissance tourne autour de 1300 euros
mensuels. A côté de présidents africains comme celui de la Tanzanie
(Jikaya Kikwete), sud africain, Jacob Zuma, allié stratégique de la
Guinée, les Premiers ministres Mèlès Zenawi ( Ethiopie) Raila Odinga
(Kenya), le président guinéen était célébré comme l’une des meilleures
figures de la nouvelle Afrique. Pour le président Alpha Condé, le
fossé entre la démocratie africaine et les réalités économiques doivent
être rapidement comblé. « Nos populations attendent les retombées de notre modèle démocratique » dit-il.
Faire de l’Afrique, un pole de croissance comme se fut pour l’Inde
dans les années 1990, selon la formule du sud africain Jacob Zuma, par
la diversification de nos économies dominées jusque là par une filière
unique, l’investissement dans des secteurs clés que sont, l’énergie, les
transports l’éducation, la santé.
Pour développer toutes les richesses dont dispose notre continent, le
président de la république, Pr. Condé, prime le changement de
comportement des dirigeants africains en vue de mettre en avant les
capacités pour répondre favorablement aux aspirations des populations
majoritairement composées de jeunes.
Mais parfois le développement relève aussi de facteur psychologique
avec ce propos présidentiel, il faut faire des efforts sur soi et sur le
temps : « Parfois à l’Union africaine, nous traitons de trop de
sujets à la fois. Les réunions présidentielles prévues à 9 heures
commencent à 11 heures… »
Depuis sa création par Klaus Schwab, le World Forum Economic de Davos
a 42 ans d’existence. Il donne l’opportunité aux hommes d’affaires
fortunés du monde, présidents et chefs de gouvernement d’Afrique et
d’ailleurs, d’évoquer les difficultés économiques du monde et
d’envisager des solutions idoines. Rendez-vous est pris en 2013 pour un
autre Forum Economique Mondial ici à Davos, station balnéaire de la
Suisse située à plus de 1500 mètres d’altitude.
Le Bureau de Presse de la Présidence