Courtesy: Guineenews and Sarifou Barry.
Haruna.

Grands dossiers : Exclusif : L’ancien Premier ministre, Kabiné Komara parle : « Chaque pays a ses atouts et ses faiblesses »
posté le 2 février à 19h38 | mis à jour le 2 février à 19h39

A l’occasion de la cérémonie de pose de la première pierre des travaux de construction de l’hôtel Kaloum qui s’est tenue le mercredi 1erfévrier, Guinéenews© a approché l’ancien Premier ministre du gouvernement de transition version Dadis Camara, Kabiné Komara.

Dans cet entretien, il nous parle d’économie et son expertise par rapport au développement de la Guinée. Lisez !

Guinéenews© : Vous êtes aujourd’hui (mercredi 1er janvier 2012, ndlr) à la cérémonie de pose de la première pierre des travaux de construction de l’hôtel Kaloum, quelle appréciation faites-vous en tant qu’ancien Premier ministre ?

Kabiné Komara :
Merci beaucoup de l’opportunité que vous me donnez d’exprimer un certain sentiment à l’occasion de cette cérémonie à la fois symbolique et importante. Il faut dire que Conakry comme vous le savez, manque complètement de réceptacle hôtelier digne de ce nom. Le meilleur hôtel que nous avons ici qui est l’hôtel Novotel, fait à peine un 3 étoiles de haut niveau comparé aux autres pays. Et actuellement si vous-vous rendez compte tous les réceptifs hôteliers de Conakry sont actuellement pleins. Vous pouvez faire deux mois sans avoir une réservation que ce soit à Novotel, Riviera, etc. Alors l’hôtel dont nous avons assisté à la pose de la première pierre aujourd’hui, est un complexe hôtelier, qui va comprendre à peu près trois cent chambres, un certains nombres de suites ministérielles, des bureaux, mais aussi un casino, un shopping. Ce sera en quelque sorte, un centre d’affaires qui sera situé au cœur de Kaloum comme l’hôtel Hilton au Caire-Égypte. Je crois que c’est quelque chose qui va donner à Conakry une embellie sans commune mesure dans la sous-région. Il faut dire aussi que ce sera un hôtel 5 étoiles dont la gestion sera confiée à une chaîne internationale. Ce qui fera de Conakry, à partir de là une destination pour les touristes. Je crois que cette cérémonie lance à la fois la destination Guinée au plan touristique, mais également offre au milieu des affaires guinéennes, un centre de retrouvaille où les échanges de différentes formes pourront avoir lieu. Il faut noter aussi que ce n’est pas la cérémonie de pose de première pierre. Il y a l’hôtel Camayenne et l’hôtel du Niger. Je pense que d’ici trois ans Conakry pourra vraiment présenter l’allure d’une ville où les réceptifs hôteliers pourront compter au bas mot deux mille nouvelles chambres.

Guinéenews© : Justement vous venez de parler de deux autres hôteliers à savoir Camayenne et Niger dont les cérémonies de pose de première pierre viennent d’avoir lieu. En tant qu’économiste, quel est l’impact que cela peut avoir sur la destination Guinée ?

Kabiné Komara :
Beaucoup de gens ont coutume de dire que l’hôtellerie est certainement l’un des secteurs économiques qui a le plus d’effet d’entraînement sur l’économie nationale d’un pays. Quand vous construisez un hôtel, vous créez de l’emploi. Vous avez besoin d’acheter de la nourriture, vous avez besoin de payer des services, vous avez les chauffeurs de taxis, vous avez les touristes, vous avez la sécurité qui va avec, vous avez le transport aérien qui va avec. Sans compter les emplois directs et indirects associés à une activité hôtelière ont des effets multiplicateurs extrêmement importants dans un pays.

En deuxième lieu, vous avez l’apport de devises. Un hôtel c’est comme d’exportation. Quand vous exportez de la bauxite, de l’or ou du diamant, c’est la même chose que les hôtels. Puisque ceux viennent de l’étranger, amènent les devises. Donc, ces devises là accroissent les réserves de temps des pays et renforcent la monnaie nationale.

Guinéenews© : Avez-vous le sentiment que la Guinée est en train d’amorcer un nouveau départ pour son développement économique ?

Kabiné Komara :
Il faut savoir que le développement économique d’un pays est un processus complexe. Il comprend d’abord la mise en place des infrastructures, il comprend la création d’usines, il comprend la disposition de main d’œuvre de qualité, il comprend la disponibilité des banques et de crédits financiers et tant d’autres. Disons que petit à petit des pas sont en train d’être fait pour que se complexe de chevaux puisse progressivement se dénouer. Mais il ne faut pas se tromper tout dépendra d’abord de l’ardeur de travail des Guinéens puisque ce ne sont pas seulement les étrangers qui font le développement de la Guinée, c’est d’abord les Guinéens eux-mêmes.

Guinéenews© : Lorsque vous étiez aux affaires en tant que Premier ministre, est-ce que vous eu l’initiative de faire pareille ?

Kabiné Komara :
Je n’aime pas souvent parler de moi. Mais je vais vous dire que quand j’étais Premier ministre, j’ai donné mandat à une dame très dynamique du nom de Léonie Coulibaly de faire l’audit sur tous les réceptifs hôteliers de la Guinée et à partir de là de définir le plan de désengagement de l’État vis-à-vis de ceux qui n’avaient pas réalisé les objectifs qui étaient assignés. Et ainsi préparer l’appel d’offre. Je comprendrai que l’État est une continuité, je suis heureux que le gouvernement actuellement ait accéléré le processus.

Guinéenews© : Vous avez une certaine expertise en matière économique, si on vous demandait votre avis pour booster l’économie de la Guinée que diriez-vous ?

Kabiné Komara :
Chaque pays a ses atouts et ses faiblesses. Pour booster l’économie d’un pays, vous voyez d’abord de quelle riche votre pays est doté ? Ensuite, vous comparez ça par rapport aux pays concurrents et vous essayez de prendre avantage rapidement pour ne pas que d’autres ne se réveillent rapidement avant vous pour récupérer le marché. Dans ce domaine, nous avons des richesses minières notamment la bauxite et le fer en grande quantité. Il ne s’agit pas seulement de les avoir mais de les mettre en faveur impérativement. Parce que le marché n’attend pas. Donc, si nous attendons trop longtemps, des pays concurrents qui ont les infrastructures et qui ont les mêmes richesses vont récupérer le marché avant nous. Donc, il faut accélérer la mise en œuvre de nos ressources minières. Il faut parallèlement lancer les infrastructures pour que les coûts des approches et les coûts des facteurs économiques soient bas. Mais en même temps, pour que la monnaie soit forte, il faut pouvoir consommer ce qu’on produit. Donc, il faut promouvoir l’agriculture surtout la culture vivrière à condition que ces produits soient moins chers que l’importation et que ça crée de l’emploi. Il faut aussi l’intégrer dans la sous-région. Nous avons un pays qui a l’avantage d’avoir au moins six frontières. Ce qui veut dire que nous sommes un pays de transite. Donc, si nous sommes intelligents un pays de transite signifie que nous pouvons produire de l’énergie et vende aux autres. Nous pouvons transiter vers le port pour atteindre les autres pays, nous pouvons du riz pour vendre aux autres. Enfin la Guinée est bien placée pour être un noyau important dans la sous-région.

Guinéenews© : Si on vous demandait d’apporter votre soutien pour le développement de ce pays. Quelle sera votre réaction ?

Kabiné Komara :
On n’a pas besoin de me faire appel. Tout Guinéen conscient, le travail qu’il fait s’il le fait bien, contribue au développement économique du pays. Si vous vous rappelez bien quand j’ai pris fonction dans mon discours, j’ai dit que chacun de nous a été à la base de la faillite économique du pays. L’enseignant qui donne des notes complaisantes aux élèves, le mécanicien qui remplace les pièces neuves d’un véhicule pour mettre les anciennes, le douanier qui laisse passer frauduleusement, contribue à la faillite de l’économie du pays. Chacun de nous est responsable de ce qui est arrivé à notre pays. Chacun en prenant conscience de toutes ces mauvaises pratiques contribuera au développement de ce pays.

Guinéenews© : Question politique ?

Kabiné Komara :
No comment !

Propos recueillis par Sarifou Barry

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