« Quand
la case brûle, on ne s’occupe pas de l’écurie ». Cet adage sied bien à
la situation sociale et politique actuelle du Mali qui a relégué sa
principale préoccupation, il ya un mois, au second plan : les élections.
« L’heure est grave » avait rapporté les responsables
des partis politiques au chef de l’Etat lors d’une rencontre. Il faut
dire que l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays, la
démocratie et la République sont menacées. Ce qui semble être
l’essentiel dans un pays souverain. Il est indispensable de les
préserver, mais il y a une autre préoccupation fondamentale : les
élections.
Le report des élections est sur toutes les lèvres mais
personne au sein de la classe politique ne veut franchir le rubicond
pour annoncer sa nécessité. L’Etat et les acteurs politiques s’efforcent
d’agir comme si les élections vont se tenir à la date du 29 avril 2012
en ce qui concerne le premier tour de la présidentielle. Qu’est ce qui
peut se passer, si les élections ne sont pas tenues à date
constitutionnelle échue ?, s’est interrogé le président de l’Assemblée
nationale, le Pr. Dioncounda Traoré. Avant de répondre lui-même :
« Nous, nous nous refusons à envisager que les élections ne se tiennent
pas. Tout peut se passer s’il n’y a pas d’élection. Même un coup d’Etat
peut en sortir ». Le peuple qui est angoissé par la situation militaire
qui prévaut au nord fait de la préservation de l’intégrité du territoire
et à l’unité nationale la préoccupation majeure, reléguant la tenue des
élections à un second plan.
Mais comment aussi gérer les risques sécuritaires liés
au report des élections. Plusieurs supputations sont en cours pour
déterminer les conditions d’une transition politique. Des juristes même
se penchent sur la question. Et trois alternatives se dégagent déjà. Le
premier scénario estime que le 8 juin, le président de la République
devrait s’en aller pour laisser la conduite de l’Etat au président de
l’Assemblée nationale qui conduira un intérim. La faiblesse de cette
alternative est que les mandats des présidents de la République et de
l’Assemblée nationale ne sont pas loin l’un de l’autre (juin et
juillet).
La seconde hypothèse laisse entrevoir qu’ATT et la
majorité actuelle devront s’éclipser au profit d’une nouvelle classe
dirigeante. Ceci pose le problème de l’exclusion d’un corps social qui
est à éviter à tout prix dans la situation actuelle. Le troisième
postulat tend à la prolongation des mandats des institutions actuelles.
Ce qui animera les supputations selon lesquelles les autorités actuelles
ont sciemment activé cette crise pour se maintenir au pouvoir.
La difficulté de la mise en œuvre de toutes ces
hypothèses montre la gravité de la situation que vit le Mali à un moment
où le pays engageait la phase d’une maturité politique et démocratique.
L’essentiel de la motivation de la classe politique est
de faire en sorte que les élections puissent se tenir et que le nouveau
président prête serment le 8 juin prochain. Le Mali, en tout cas à
l’heure actuelle, ne répond pas aux conditions élémentaires
d’organisation d’une élection crédible devant susciter moins de
contestations. L’exode massif des gens et la persistance du conflit armé
priveront une partie de la population de son droit fondamental de vote.
« Il faut que les armes se taisent pour créer les conditions d’un
retour des réfugiés pour que les élections se tiennent dans le calme et
la sérénité », estime Dioncounda Traoré.
Seydou Coulibaly
17 Février 201