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*Reporters sans frontières (http://www.rsf.org)*
*Analyse*

30 juillet 2012

*NIGER*

*La presse nigérienne en proie à de sérieuses vicissitudes*

Un journal interdit de parution, un autre mis en garde, un directeur de
publication condamné à une peine de prison : le bilan du mois de juillet
2012 au Niger est lourd. Il révèle toute la fragilité du secteur de la
presse qui, d'un côté, a sensiblement gagné en liberté, mais qui, de
l'autre, doit encore se professionnaliser afin de conserver les acquis.



*Progression spectaculaire des libertés et dépénalisation des délits de
presse*



Depuis l'ordonnance du 4 juin 2010 portant régime de la liberté de la
presse (lien :
http://www.medianiger.info/Index.asp?affiche=News_Display.asp&articleid=1982&ID=88&SID=17),
les délits commis par voie de presse, telles que la diffamation et l'injure
publique, ne sont plus sanctionnés par des peines de prison. La détention
préventive en matière de délits de presse a été interdite. Seules des
amendes pénales peuvent encore être prononcées contre des médias.



A l'issue d'une mission menée à Niamey, en juin 2011, Reporters sans
frontières avait salué l'amélioration de la situation de la liberté de la
presse dans le pays et publié un rapport d'enquête intitulé "Une page se
tourne, espoirs pour la liberté de la presse au Niger et en Guinée".
Consultez ce document ici :* *
http://fr.rsf.org/guinee-rapport-d-enquete-une-page-se-28-07-2011,40705.html

* *

Poursuivant la politique initiée par le Conseil suprême pour la
restauration de la démocratie (CSRD , autorités de transition de l'époque),
le président de la République nigérienne, Mahamadou Issoufou, a été le
premier chef d'Etat à signer, en novembre 2011, la déclaration de la
montagne de la Table (lien :
http://www.wan-ifra.org/fr/microsites/declaration-de-la-montagne-de-la-table),
un texte qui invite à dépénaliser les délits de presse et à placer la
liberté des médias au cœur des débats publics en Afrique.



Conséquence logique de ces réformes ambitieuses, de ce comportement
favorable des autorités vis-à-vis des médias, et de la quasi absence de
violations de la liberté de la presse, le Niger a enregistré une
progression spectaculaire dans le classement 2011-2012 établi par Reporters
sans frontières (le pays est passé de la 104e à la 29e position, réalisant
un bond de 75 places : http://fr.rsf.org/report-niger,34.html).



Mais la situation reste fragile. Le comportement de certains journalistes
nigériens, peu respectueux de l'éthique et de la déontologie de la
profession, est de nature à fournir des arguments aux détracteurs de la
dépénalisation des délits de presse.



Reporters sans frontières continue de défendre la thèse selon laquelle la
dépénalisation ne signifie pas liberté de publier ou de diffuser n'importe
quel contenu. Bien entendu, la liberté ne va pas sans responsabilité.
L'organisation réitère l'appel qu'elle avait lancé à Niamey : la
dépénalisation est une avancée considérable en termes de liberté, mais elle
doit s'accompagner d'un respect scrupuleux, par les journalistes, des
règles d'éthique de la profession. Autrement dit, ces derniers doivent être
à la hauteur des libertés et mériter la confiance que les autorités leur
accordent.



"Diffamation, calomnie, mensonge, et atteintes à la vie privée sont la
négation de la déontologie journalistique. Si des individus utilisent les
médias pour nuire à d'autres personnes, ruiner leur réputation et ne
diffuser que de fausses informations, il est inévitable qu'ils soient
sanctionnés. A terme, le manque d'éthique de certains auteurs d'articles
risque de pervertir la liberté de la presse, si durement conquise", a
déclaré Reporters sans frontières.



"Cette situation devrait alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de
renforcer la liberté de la presse et de soutenir les médias qui respectent
la déontologie journalistique. Confier davantage de moyens matériels et
humains à l'Observatoire national de la communication (ONC, organe de
régulation), aider financièrement l'Onimed (organe d'autorégulation),
soutenir la Maison de la presse, et renforcer la formation professionnelle
des journalistes peuvent constituer des solutions concrètes pour protéger
la liberté de la presse", a ajouté l'organisation.



*Le directeur de Jeunesse Infos en prison pour "faux et usage de faux" *

* *

*Marcus Issaka Lawson*, directeur de publication du journal *Jeunesse Infos*,
a été condamné, le 2 juillet 2012, à neuf mois de prison, dont trois avec
sursis. Ce journaliste a été emprisonné suite à une plainte pour "Faux et
usage de faux en écriture", déposée par Mme Adama Gazibo, magistrate et
ancienne secrétaire générale du gouvernement.



Dans un droit de réponse fabriqué de toutes pièces par le journaliste,
intitulé "Je ne suis pas celle que vous croyiez", et publié dans le numéro
du 13 juin 2012, Marcus Issaka Lawson a attribué à Adama Gazibo des propos
qu'elle n'a jamais tenu. Non seulement il détaillait la vie privée de la
magistrate, mais il dédouanait aussi la presse pour ses erreurs et
félicitait indirectement son propre journal pour le travail d'information
réalisé.



*Un journal suspendu, un autre mis en garde*

* *

Le 24 juillet 2012, l'ONC a décidé d'interdire définitivement de parution
le journal *Le Mandat*,* *pour "inobservation de la mise en demeure" qui
lui avait été adressée un mois auparavant. Il est reproché au journal de
n'avoir pas corrigé sa ligne éditoriale malgré l'avertissement infligé, le
20 juin, par l'organe de régulation. A l'époque, l'ONC avait estimé qu'un
article paru dans le numéro 15 du journal contenait "de fausses
informations qui portaient atteinte à la vie privée de citoyens, à la
morale et aux bonnes mœurs."



Dans le cadre d'une autre affaire rendue le même jour, l'ONC a adressé un
avertissement écrit au journal *Le Visionnaire*,* *également pour
"inobservation de la mise en demeure" qui lui avait été adressée plus tôt
dans le mois. L'ONC avait alors sanctionné le journal pour publication d'un
article, dans son édition n°91 du 23 avril 2012, "contenant des fausses
informations et des accusations sans fondements."


Ce journal avait déjà été suspendu de l'Association nationale des éditeurs
de la presse indépendante (Anepi) en 2011. Le directeur de publication du *
Visionnaire* avait en effet utilisé son journal pour régler des comptes
personnels et répandre de fausses accusations contre le directeur d'une
entreprise privée de Niamey dont son épouse venait d'être licenciée.

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*REPORTERS SANS FRONTIÈRES*

Ambroise PIERRE
Bureau Afrique / Africa Desk, Reporters W/o Borders

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*47 rue Vivienne, 75002 Paris - France*

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