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Haruna Darbo <[log in to unmask]>
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Date:
Mon, 4 May 2009 04:29:30 EDT
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multipart/alternative
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Basically, the irritation was that even though it was a journalist who
intimated in his questioning of ATT that the abductors and Salafists came from
Mali and that they were Malians, they were nonetheless irritated with ATT's
 succinct answers and his urging to avoid playing the blame game when a 
multinational conference to solve the Sahelo-Saharan menace is being
organised.  I will share Algerian Press reaction with you later. Remmember, this
interview  and the press reaction to it, came before ATT and Mali, with help
from Burkina  Faso, gained the freedom of the 4 European hostages. I suppose
you can call it  poetic justice or the result of sobriety, grace, and resolve.
It is unsettling  how the El Watan interviewer tried to insinuate over and
over that Mali pays  ransom for the release of hostages when the head of
state of Mali informs them  that their assuptions were in error and that Mali
does not officially sanction  nor encourage paying ransom for release of
abductees. This press pantomime is  ominous and insiduous. It seems to me that
with Algeria's patronnage of Mali's  Algiers Accord with her Tuareg
community, the Algerian press will exercise more  due-diligence and sobriety in their
craft. After I share Algerian Press  reaction, I will share Malian press
counter-reaction. You will see what I mean.  And now that the hostages have
been freed in Mali's grace, jealousy abounds.  Harun Rashid. Al Mu'Umin. I
encourage Bouteflika to stay true north in Algeria's  historical partnership
with Mali. If they leave it to press pantomime, they will  forever be mired in
an unproductive and vicious cycle of distrust, mistrust, and  shirkdom.

Dossier
ATT à El Watan :  L’interview qui a irrité l’Algérie

Dans une interview réalisée  la semaine qui a précédé la libération des
quatre otages et  publiée par El Watan du 26 avril 2009, sous le titre, «
Amadou  Toumani Touré, Président du Mali : « Nous  refusons de jouer le rôle de
passeur d’argent », le chef  de l’Etat malien s’exprime sur les
préoccupations de l’heure,  notamment la question des otages occidentaux. Nous
reproduisons ici cette interview dans son intégralité. (Lire  aussi l’article publié
par Liberte-algerie.com du 27 avril  2009 sous le titre : « _Après  les
allégations du Président Touré : Quand le Mali protège le  GSPC_
(http://www.afribone.net.ml/spip.php?article18912)  ».
El Watan / Amadou Toumani Touré, Président du  Mali : “Nous refusons de
jouer le rôle de passeur  d’argent”
C’est un homme très inquiet, non seulement de  la présence des terroristes
du GSPC sur son territoire, mais  aussi des risques que cette présence peut
entraîner sur les  relations de son pays avec l’Algérie. Dans l’entretien qu
’il a  bien voulu nous accorder dans sa résidence de Bamako, Amadou
Toumani Touré, président du Mali, affirme que son pays refuse  de jouer le rôle de
passeur d’argent dans les prises d’otages.  Il rejette également les
accusations portées à son encontre  selon lesquelles son pays aurait accordé l’
hospitalité aux  terroristes d’Al Qaïda, notamment au nord du Mali.
ST : La région du nord du  Mali connaît une activité inquiétante des
groupes terroristes,  notamment avec les enlèvements de touristes suivis de
demandes  de rançons. Que fait le Mali face à cette nouvelle menace?
ATT : Aujourd’hui le plus important  dans cette région est la paix entre
les différentes  communautés. Mais il ne faut pas se tromper. Ce n’est pas  l’
ensemble de la communauté targuie qui était en rébellion,  mais une partie
seulement. Grâce à l’accord d’Alger, aux  efforts maliens et surtout à
notre disposition en faveur d’un  règlement, nous sommes aujourd’hui tous dans
une logique de  paix. Pratiquement, tous les combattants ont rejoint nos
forces et ont déposé les armes. Nous sommes en train de  dégager la voie pour
la réinsertion des jeunes rebelles….
ST : Pensez-vous que toutes  les armes ont été déposées ?
ATT : Je dis que le dépôt des armes est  beaucoup plus symbolique parce qu’
il repose sur une volonté  politique et morale de mettre fin à un évènement.
De ce fait,  je pense que personne ne peut avoir l’illusion que toutes les
armes ont été déposées. D’abord, nous n’avons pas l’inventaire  de toutes
les armes et nous pensons que même si quelques unes  restent entre les mains
de certains, cela ne remettra pas en  cause la volonté de mettre fin à la
violence. Il faut aussi  savoir que le peuple malien est un peuple de
guerriers. De ce  fait, si certains gardent leurs armes c’est uniquement pour  leur
sécurité. Le plus important est que les armes déposées  constituent un lot
considérable, y compris en munitions. C’est  un geste fort qui mérite d’
être soutenu. Nous sommes en  période de consolidation de la paix par la mise
en œuvre des  projets relatifs au développement local.
ST : Vous êtes sur le point  de tourner la page de la rébellion au Nord,
mais que  comptez-vous faire pour lutter contre les réseaux d’Al Qaïda  au
nord ?
ATT : Nous sommes conscients de ces  menaces et dangers, mais à un moment
nous étions plus partagés  ou plutôt préoccupés par la situation très grave
de la  rébellion qui menaçait l’unité nationale. C’était le problème  des
touareg, et pendant des années nous avions les deux  évènements en parallèle.
Aujourd’hui, grâce à Dieu, nous avons  pu ramener la paix. Mais en ce qui
concerne le problème des  salafistes, je pense qu’il est plus juste de dire qu’
ils sont  dans la bande sahélo-sahélienne et non pas uniquement au nord  du
Mali. Ils voyagent beaucoup, ils se déplacent tout le temps  et sont dans
cette région depuis longtemps.
Nous avons senti toutes les menaces qui pèsent  sur cette région, à savoir
le trafic de cigarettes, d’armes,  de munitions et de drogue, les passeurs
de clandestins et la  présence des salafistes. Toutes ces menaces sont
transfrontalières et aucun des pays ne peut trouver, seul, la  solution pour y
faire face. Raison pour laquelle le Mali a  proposé l’organisation d’une
conférence, à Bamako, sur la paix  et le développement.
Toutes les dispositions ont été prises et nous  espérons qu’elle ait lieu
le plus tôt possible, puisque les  travaux préparatoires ont été terminés et
les textes de base  élaborés par les experts de chaque pays participant et
leurs  ministres des Affaires étrangères, à savoir le Tchad, la  Libye, l’
Algérie, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la  Mauritanie. Nous attendons
la réunion des chefs d’Etat pour  apporter leur caution politique et dégager
un plan commun pour  gérer ensemble cette bande sahélo-sahélienne qui, à l’
heure  actuelle, nous échappe à tous.
ST : Comment expliquez-vous  que le Mali se retrouve, après chaque
enlèvement, le pays où  les terroristes négocient la libération des otages en
réclamant des rançons ?
ATT : Vraiment je ne sais pas pourquoi.  Vous avez peut-être remarqué qu’
aucune prise d’otages n’a eu  lieu au Mali, mais dans les autres pays situés
au Nord à l’Est  et à l’Ouest. Maintenant la question que moi je me pose
est de  savoir pourquoi les otages ont été enlevés là-bas et pour  quelles
raisons les terroristes ont-ils fait autant de  distance pour les ramener au
nord du Mali ? Nous avons fait  des investigations très profondes et nous nous
sommes rendu  compte que c’était un peu exagéré. Ils sont dans la bande
sahélo-sahélienne et non pas uniquement au Mali. Ils bougent  beaucoup et s’
arrêtent rarement dans un endroit. En 24 ou en  48 heures, ils traversent les
frontières d’un pays à un autre.  Donc, dire qu’ils sont au nord du Mali
est pour moi vraiment  réducteur. Raison pour laquelle je dis qu’il faut
conjuguer  nos moyens pour lutter ensemble contre ces menaces. Il faut  arrêter
de nous renvoyer la balle et de coordonner plutôt nos  efforts pour pacifier
cette région.
ST : Même si les enlèvements  ont eu lieu dans d’autres pays, vous ne
pouvez contester le  fait que les otages ont été transférés vers le nord du Mali,
 où les négociations pour leur libération sont en cours ?
ATT : Non, ils ne sont pas au nord du  Mali. Je voudrais être clair ; le
Mali ne veut pas entrer dans  une polémique sur le fait qu’ils soient sur son
territoire ou  pas. Je dis qu’ils ne sont pas seulement au Mali, mais sur
toute la bande sahélo-sahélienne. Nous savons qu’ils bougent  et qu’ils vont
d’un pays à un autre dans un espace de temps  réduit. Pour nous, cela a peu
d’importance.
Effectivement, le Mali a eu à nouer le dialogue  et à chercher dans quelles
mesures il pouvait aider.  Maintenant, dès qu’il y a une prise d’otages,
on dit que les  auteurs sont au Mali, c’est vraiment exagéré. Il est vrai que
 le Mali s’est impliqué dans le dénouement de la prise d’otages  qui a eu
lieu en Algérie en 2004, puis dans celle qui a ciblé  des Autrichiens en
Tunisie.
Aujourd’hui aussi, le Mali essaye de s’investir  pour voir quelles
solutions il faudra trouver pour libérer les  otages dont vous parlez. Mon pays est
dans une situation très  embarrassante et la plus gênante. On dit qu’ils
sont au Mali  et tout le monde vient au Mali pour nous demander de l’aide
dans le cadre du dénouement de l’affaire.
Nous disons seulement que nous ne sommes pas  responsables de ces prises d’
otages. Aucun des otages n’a été  enlevé au Mali. Raison pour laquelle nous
avons dit qu’au lieu  de continuer à chercher qui est responsable, il faut
plutôt  penser ce que nous devons faire pour empêcher ces enlèvements  et
pacifier cette zone dont la sécurité concerne tout le  monde.
ST : Ne pensez-vous pas que  le paiement d’une rançon pour la libération
des touristes  allemands en 2004 a été pour beaucoup dans la multiplication
des enlèvements suivis de demandes de rançon ?
ATT : Je pense surtout que ces prises  d’otages risquent de porter
préjudice à tous les pays de la  région. Regardez ce qui se passe dans le golfe d’
Aden, avec  les actes de piraterie et tous les navires militaires dépêchés
dans la zone par de nombreuses puissances.
C’est le monde entier qui se sent concerné par  ce phénomène de rançon. Je
sais qu’il y a un dilemme  extrêmement important : payer pour libérer les
otages et, de  ce fait, prendre le risque de voir cet argent utilisé contre
nous-mêmes, ou ne pas payer et laisser les otages en détention  le plus
longtemps possible. Maintenant, je dis, cessons de  nous accuser mutuellement et
parlons entre nous de cette  menace qui pèse sur la bande sahélo-sahélienne.
Je dis aussi qu’il ne faut pas se voiler la face  et cherchons une solution
ensemble. Les rançons ne sont pas le  monopole de la bande
sahélo-sahélienne. Nous avons vu ça  ailleurs et à plusieurs échelles. Il est maintenant
important  de savoir comment la communauté internationale fait face à de
telles demandes et quelles sont les solutions les plus  appropriées à prendre.
ST : Vous avez déclaré  publiquement lors des dernières prises d’otages : «
Trop c’est trop !!! ». C’est trop par rapport à  quoi ? Les prises d’
otages, les rançons ou le fait que le Mali  soit utilisé comme terre de
négociations par les terroristes  ?
ATT : D’abord, les otages ne sont pas  Maliens. Les auteurs de l’
enlèvement non plus et l’endroit du  rapt est hors de nos frontières. A la limite, de
quoi nous  mêlons-nous ? Nous nous retrouvons dans des situations  ambiguës
: c’est-à-dire d’une part, face à une situation  humanitaire où il faut
vite aider, et d’autre part, face à une  autre situation, cette fois-ci
sécuritaire, qu’il ne faut pas  encourager.
Nous sommes fatigués d’être face à ces dilemmes,  fatigués de gérer des
situations aussi ambiguës et aussi  gênantes. Nous aurions pu adopter la
position de certains en  disant que ce problème ne nous regarde pas, dès lors qu’
ils  estiment que la bande sahélo-sahélienne est le nord du Mali.  Il faut
que nous sortions de ce cercle vicieux et que nous  nous regardions en face,
que nous parlions ensemble au lieu de  chercher qui a fait quoi. Ce qui est
certain, c’est que ces  salafistes ne sont pas Maliens.
Ils viennent de quelque part non ? Des Maliens  sont parmi eux… Nous, nous n
’avons pas de preuves que des  Maliens font partie de cette bande de
salafistes, mais je ne  l’exclus pas. C’est là aussi qu’il faut prendre en compte
la  dimension de ce groupe qui prône le nationalisme et entraîne  toute la
bande sahélo-sahélienne, en profitant de nos  faiblesses, avec toutes les
conséquences que cela peut  engendrer. ST : En 2004, le nombre de  salafistes
évoluant dans la bande sahélienne ne dépassait pas  la soixantaine, alors qu’
aujourd’hui, ils ne sont pas moins de  250. Vous ne pensez pas qu’ils ont
trouvé un terrain propice  dans cette région pour l’installation d’une base
arrière qui  pourrait menacer le Mali ?
ATT : Le danger est d’abord pour  l’Algérie. Parce que c’est elle qui se
bat depuis des années  contre cette force terroriste. Ce n’est pas le cas du
Mali. A  ce jour, le Mali n’a jamais été la cible des salafistes. Mais  tout
ce qui arrive à l’Algérie nous touche vraiment. Ce qui me  surprend, c’est
plutôt la passivité des uns et des autres.
ST : Vous voulez dire les  pays frontaliers ?
ATT : Tous les pays de la bande  sahélo-sahélienne nous disent, vous devez
faire ça, mais alors  pourquoi eux ne l’ont-ils pas fait ? Nous avons dit
que l’ère  des rançons est internationale et toutes les menaces  auxquelles
nous faisons face ont une dimension internationale.  Les réponses ne peuvent
être qu’internationales.  Réunissons-nous et discutons ensemble pour empêcher
les prises  d’otages et sécuriser la bande sahélo-sahélienne. Raison pour
laquelle, d’ailleurs, le Mali attend cette conférence des  chefs d’Etat
qui, selon nous, est la meilleure tribune pour  prendre en charge ces menaces.
ST : Tout le monde sait que la libération des  deux otages autrichiens
enlevés en Tunisie a été faite en  contrepartie d’une rançon négociée par
certains notables  maliens, alors qu’officiellement vous dites n’avoir joué aucun
 rôle dans cette affaire. Qu’en est-il alors ?
ATT : Maintenant, je vais vous parler  en tant que président du Mali et ami
de l’Algérie. S’il y a eu  rançon, je ne le sais pas, parce que
rappelez-vous, les otages  sont restés neuf mois entre les mains des terroristes. Le
Mali  s’est limité à établir des contacts humanitaires. Nous avons  accepté d’
aider nos amis autrichiens qui sont aussi les amis  de l’Algérie. Je le
dis, en tant qu’officier d’honneur, et je  regarde l’Algérie, tout en le
disant, que personnellement je  ne sais pas s’il y a eu une rançon.
Et s’il y en a eu une, je ne sais même pas quel  a été le montant et s’il
a été versé. Ce dont je peux vous  assurer, c’est que ni le Mali, ni son
président, ni ses  responsables officiels n’ont été impliqués dans une telle
transaction, si tel était le cas. Vous savez que nous n’avions  pas de
contacts directs avec les ravisseurs, mais nous  passions par des intermédiaires
qui, eux, passaient aussi par  d’autres intermédiaires.
C’est vrai qu’il y a eu une demande de rançon,  mais j’ai été catégorique,
en disant que je n’accepterai pas  de servir pour son paiement. Notre rôle
se limitait aux  contacts humanitaires seulement. Nous avons refusé d’entrer
 dans ce jeu parce nous savons que cela allait se retourner  contre nos
amis, alliés et voisins, mais aussi contre  nous.
ST : Un commandant a été  dépêché par vos services pour négocier avec les
ravisseurs la  libération des Autrichiens. Il a été tué en cours de route et
les accusations ont été portées contre certains de vos  militaires qui
auraient changé le cours des négociations pour  arracher le paiement d’une
rançon. Qu’en pensez-vous ?
ATT : Le commandant Mbarka a été tué à  la sortie de Kidal et jusqu’à ce
jour l’enquête n’a pas  déterminé pourquoi et par qui. Où Mbarka partait ? Je
ne le  sais pas.
ST : Certains disent que  c’est vous qui l’aviez désigné en tant que
négociateur, il  aurait été détenteur d’un ordre de mission signé par vous…
ATT : Non, pas du tout.
ST : Qu’en est-il des otages  actuellement détenus par des salafistes au
nord de votre pays  ?
ATT : Nous sommes en train de tout  faire, dans un cadre humanitaire pour
que l’ensemble de ces  otages soient libérés sains et saufs. A tort ou à
raison, nous  avons maintenant une réputation de négociateurs. Une mission  qui
ne nous plaît guère. Que faudrait-il faire ? Croiser les  bras et attendre ?
Nous sommes vraiment coincés entre les  hésitations, raison pour laquelle
nous voulons que le sommet  des chefs d’Etat ait lieu le plus rapidement
possible pour que  nous puissions parler. Les gens disent, ils sont au nord du
Mali, et le Mali est un pays souverain qui n’a qu’à s’ouvrir.  Pour nous,
la faute ne nous incombe pas.
Nous sommes très mal à l’aise. C’est toujours à  nous qu’on demande de l’
aide et cela nous gêne. Mais il y a  une responsabilité que chaque pays doit
prendre. Revenez un  peu en arrière. Il y a eu une première prise d’otages
en 2004,  puis une autre, suivie de deux autres et nous continuons à  nous
renvoyer la balle. Jusque-là, nous n’avons rien fait.  Nous ne faisons qu’
attendre une autre prise d’otages pour  commencer à nous accuser mutuellement.
Le sommet  sahélo-sahélien est important. Il nous permet de parler entre
nous sur la situation. Aucun pays, seul, ne peut faire face à  la menace. ST
: Les preneurs d’otages  exigent une rançon et vous, vous refusez d’
accepter de jouer  ce rôle d’intermédiaire pour le paiement. Comment comptez-vous
agir pour faire libérer les otages mais aussi éviter de tels  actes ?
ATT : Soyez sûre d’une chose. Le Mali  n’acceptera jamais de servir dans
une quelconque transaction  financière entre les ravisseurs et les pays d’
origine des  otages. Nous acceptons de passer par des intermédiaires pour
avoir des nouvelles et de nous investir dans le domaine  policier pour voir ce qu
’il faut faire. Mais il est important  aussi de savoir que ces gens n’ont
pas besoin du Mali pour  négocier une rançon. Le désert est grand et les
contacts sont  multiples. Ils n’ont donc pas besoin de nous. De notre côté,
nous avons clairement dit à qui veut l’entendre que le Mali ne  jouera pas le
rôle de passeur d’argent… ST  : Même dans l’affaire des otages autrichiens
?
ATT : Je ne sais pas s’il y a eu une  rançon, ni qui l’a versée. Le Mali a
refusé de s’impliquer  dans une telle transaction.
ST : Mais il l’a fait lors de  l’enlèvement des touristes allemands en 2004
…
ATT : Ces Allemands ont été enlevés en  Algérie… Puis, ils ont été emmenés
au nord du Mali pour  négocier une rançon, obtenue par l’intermédiaire des
Maliens…  Il faut quand même se poser la question sur l’endroit où ils  ont
été enlevés. Nous nous sommes toujours demandés pourquoi  les otages sont
enlevés ailleurs et dirigés chez nous. La  première responsabilité c’est là où
les otages ont été  enlevés. Cette responsabilité ne doit pas être
occultée.  Pourquoi des pays qui ont plus de moyens que le Mali n’ont pu  les
empêcher de traverser la frontière ?
Ce n’est pas un reproche, parce que nous savons  comment les choses se
passent. Par contre, nous aussi, nous ne  pouvons accepter d’être accusés sans
avoir la possibilité de  nous défendre. Qu’on aide le Mali à trouver des
solutions.  Vous savez que ses moyens sont limités. Il est pris entre  l’étau de
deux situations difficiles. Accepter de servir de  passeurs d’argent au
profit des terroristes, cela se retourne  contre nous. Rester les bras croisés,
cela aussi se retourne  contre nous. Que pouvons-nous faire ? Pourtant, ce n
’est pas  notre problème. Des partenaires des pays de l’Europe, les
Nations unies, le secrétaire général de l’ONU, nous  interpellent et nous disent
qu’il faut que le Mali s’implique.  Que faut-il faire ? Rester les bras
croisés ?
ST : Tous ces pays vous  demandent de servir d’intermédiaire ?
ATT : Non…mais dans tous les cas,  personne ne peut nous obliger à jouer ce
rôle. Nous jugeons la  situation en fonction de notre conscience, et nous
nous  abstenons de jouer le rôle de passeur d’argent. Vous êtes-vous  demandé
pourquoi les otages autrichiens sont restés neuf mois  entre les mains de
leurs ravisseurs. J’ai dit clairement que  s’il y a transaction, elle se
fera sans mon pays.
ST : Est-ce la raison de  cette longue détention ?
ATT : Je ne sais pas. Mais ce que je  sais c’est qu’à chaque fois qu’il y
a une prise d’otage, le  Mali est désigné comme négociateur. Je voudrais
préciser aussi  que le Mali n’a pas vu un sou et ne s’est jamais impliqué en
tant que passeur d’argent. Sur un plan moral et humanitaire,  nous avons
reçu des équipes chez nous et tenu qu’elles soient  là, à leur apporter notre
aide et assistance afin qu’elles  soient plus près des événements. Nous l’
avons fait par amitié  à ces pays, à nos partenaires au secrétaire général des
 Nations unies, qui nous a appelés pour nous demander de nous  investir.
Je pense que ces otages ne concernent pas  seulement le Mali, mais aussi le
système des Nations unies  auquel, nous tous, nous participons. Le
diplomate onusien est  venu dans nos pays pour une mission de paix et il a été
enlevé. Nous sommes tous sommés de nous impliquer pour sauver  sa mission, pas
parce qu’il est Canadien, un pays qui a de  fortes relations avec les Etats
de la région, mais aussi parce  que c’est un cadre des Nations unies. Je
pense que la  responsabilité est partagée par tous les pays de la  région.
ST : Pensez-vous que leur  détention ne sera pas longue comme celle des
deux Autrichiens  ?
ATT : Vraiment, je ne sais dans quel  état sont les otages. Mais je
souhaite qu’ils soient tous  libérés le plus tôt possible. D’abord vis-à-vis des
Nations  unies, parce qu’enlever un cadre de cette institution donne  une
très mauvaise image du continent en général et de la bande  sahélo-sahélienne
en particulier. Le Mali seul ne peut rien  faire. Si nous nous engageons dans
ces affaires d’enlèvement,  c’est uniquement dans un but humanitaire et
non pas comme  passeur d’argent.
Nous savons à quoi sert cet argent et le  préjudice que ces fonds vont
causer à des pays frères et amis  comme l’Algérie. Nous ne comprenons pas
comment les  terroristes trouvent l’hospitalité auprès de la population du  nord
du Mali, alors que dans d’autres régions pourtant  similaires comme le nord
du Niger, de la Mauritanie et du  Tchad, ils sont pourchassés.
ST : Mais d’où sont-ils venus  ? Ils ont fui le sud de l’Algérie parce qu’
ils n’étaient pas  en sécurité, qu’ils semblent avoir trouvée au nord du
Mali...
ATT : Non, non…avec toute l’amitié et  l’estime que j’ai pour votre pays,
il va falloir que je parle  franchement avec vous. C’est facile de dire
pourquoi le Mali  n’a pas fait ou aurait dû faire. Les questions que je me pose
 sont : pour quelles raisons sont-ils venus au Mali ? Comment  ont-ils fait
pour y arriver ? Quelle voie ont-ils empruntée ?  Qu’ont fait les autres
pour les empêcher de franchir les  frontières ?
Je pense que l’important n’est pas de dire  qu’ils sont au nord du Mali ou
du Niger. Réfléchissons un peu  : pour se sentir un peu libre, il est plus
judicieux de  choisir l’extrême nord du Mali, qui est à proximité de  l’
Algérie, la Mauritanie. Le nord du Niger n’est pas rentable,  parce qu’il n’y
a que l’Algérie et le Niger. De plus, la  rébellion qu’a connue le nord a
rendu la région totalement  hostile aux personnes qui viennent se promener.
Une situation aggravée par les affrontements  fratricides entre quelques
groupes de touareg. Donc, en tant  que soldat, si je dois aller chercher un
refuge quelque part,  j’irais certainement dans cette région. Ils n’ont ni
visa ni  passeport, y a-t-il plus propice pour eux qu’un terrain où  l’
insécurité est totale ?
ST : Le diplomate onusien a  été enlevé par des contrebandiers et remis aux
terroristes. Ne  pensez-vous pas que cette transaction démontre la
corrélation  dangereuse entre les terroristes et les trafiquants en tous  genres
dans la région ?
ATT : Absolument. C’est pour cette  raison qu’il faut que nous parlions
entre nous, en tant que  chefs d’État, de ces menaces. Chacun de nous est
resté chez  lui en se disant que cela ne le concernait pas. En définitive,
aujourd’hui tout le monde accuse la bande sahélo-sahélienne,  qui est en
réalité, nous tous, le Mali, le Niger, la  Mauritanie…
Dieu seul sait les efforts que l’Algérie fait  vis-à-vis de ce phénomène et
combien son peuple a souffert. Il  lui a fallu beaucoup d’héroïsme et d’
engagement pour lutter  contre ce fléau. Comment après tous ces efforts,
toutes les  propositions faites par le président Bouteflika pour faire  revenir
la paix, nous nous retrouvons incapables de réagir  contre cette situation.
Je pense effectivement qu’il y a une constante  qui réunit différents types
de trafic très rentables : la  vente de cigarettes, d’armes et de
munitions, les passeurs qui  acheminent les clandestins vers l’Europe dans des
conditions  inhumaines, et qui souvent les laissent mourir dans le désert,  et le
trafic de drogue, la reine des menaces, le danger le  plus insidieux. La
drogue vient de la Colombie par le golfe de  Guinée et traverse la bande
sahélo-sahélienne pour être  dirigée contre notre jeunesse, notre avenir, contre l’
Europe  et contre tout le monde.
ST : Tout comme le trafic  d’armes …
ATT : Le trafic de drogue est beaucoup  plus dangereux, parce que la drogue
rapporte d’énormes fonds  qui permettent d’acheter beaucoup d’armes et de
complicités.  C’est un trafic extrêmement juteux.
ST : Est-ce que la porosité  de la frontière peut-elle s’expliquer par
cette complicité  achetée ?
ATT : La responsabilité est commune. Je  pense que pendant très longtemps,
certains éléments de la  rébellion touareg ont beaucoup combattu pour
pouvoir marquer  cet état de fait qu’est la revendication politique. Elle a été
analysée et acceptée dans le cadre d’un accord que nous avons  signé et mis
en application. Mais certains ont continué. Leur  revendication était quoi ?
Ils nous demandent de quitter  Tinzaouatine qui est un point de passage
obligé de la limite  territoriale. Il faut se poser la question pourquoi cette
revendication. Je ne dirais pas plus, mais seulement il faut  savoir qu’il y
avait parmi les rebelles quelques éléments  déterminants.
ST : Pensez-vous que les  revendications politiques cachaient en fait leur
complicité  avec les salafistes ?
ATT : Certaines de leurs revendications  étaient justes. Raison pour
laquelle, nous les avons  acceptées. Comprenons-nous, certains qui ont plus de 50
ans,  60 ans et 70 ans, munis d’un armement et des véhicules  tout-terrains,
renouvelés constamment, tiennent deux ans et  trois ans contre une armée.
Ils parcourent des milliers de  kilomètres, changent les pneus, s’
approvisionnent en  carburant. Comment est-ce possible ? C’est pour vous dire que
quelque part, il y a une nébuleuse qui sert et qui soutient  ces groupes avec
des moyens financiers…
ST : ça peut être des États  ?
ATT : Je ne le pense pas. Je suis même  convaincu que les Etats ne sont pas
impliqués. Ces activités  sont toutes dirigées contre les Etats. Il faut
quand même  préciser qu’au plan politique, les Etats nous ont beaucoup  aidés.
Nous avons une relation exceptionnelle avec l’Algérie,  le Niger et les
autres pays frontaliers.
Personne ne pourra me faire croire que les Etats  ont eu un rôle à jouer.
Ce ne sont pas eux qui vendent la  cigarette et les armes ou qui font le
trafic de drogue et  d’armes et vous ne pouvez pas imaginer les tonnes d’armes,
de  drogue et de cigarettes que nous avons interceptées dans le  Nord et à
proximité de certains pays frontaliers.
Le désert est tellement grand, et lorsque nous  avons autant d’argent nous
pouvons acheter autant de  complicités. Je ne peux faire ce raccourci et
accuser les  Etats, les armées et nos services de sécurité de  complicité.
Je ne dirais pas aussi que tout le monde est  honnête, mais je suis
convaincu qu’il y a une volonté chez les  pouvoirs politiques et aussi chez les
opérationnels pour  combattre ces menaces qui déstabilisent notre région.
ST : Après le sommet des  chefs d’État de la région prévu à Bamako, que
compte faire  concrètement le Mali pour lutter contre le terrorisme ?
ATT : Le Mali fait toujours face aux  menaces. Nous les combattons
quotidiennement. Les quantités  d’armes, de munitions et de drogue que nous
interceptons  régulièrement sont la preuve de nos engagements sur le  terrain. Les
bandes frontalières du Mali sont immenses au nord  : 1200 km de frontière
avec l’Algérie, 2000 km avec la  Mauritanie et 900 km avec le Niger. Est-ce
facile de maîtriser  tous ces espaces avec le peu de moyens que nous avons ?
Raison  pour laquelle, je dis que la solution ne peut être que  collective.
ST : A travers le sommet  auquel vous avez appelé, vous voulez impliquer
politiquement  et matériellement les États de la région dans une lutte
commune contre ces menaces...
ATT. Je crois qu’il est nécessaire que  nous partagions une vision, un plan
d’action, une volonté  politique participative au lieu d’accuser l’autre
de ce qu’il  a fait ou n’a pas pu faire. Autant nous mettre ensemble pour
décider de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Aucun pays  seul ne pourra
trouver la réponse à cette situation. La  solution ne peut être que
transfrontalière.
ST : Ne pensez-vous pas que  certaines puissances étrangères qui exploitent
les richesses  des pays de la région font tout pour maintenir ces derniers
en  situation de faiblesse ?
ATT : Je ne le crois pas. Dans toutes  nos analyses politiques et
militaires, aucune information de  ce genre ne nous a été présentée. A ma
connaissance, il n’y a  jamais eu d’Etat impliqué dans ces menaces. Si tel était le
cas, c’est que nous avons un déficit en informations. Si  d’autres le
savent, il faudra qu’ils nous le disent.
Il faut que nous le sachions pour prendre les  mesures qu’il faut. Mais je
ne pense pas que cela soit le cas.  Par contre, si nous n’arrivons pas à
résoudre nos problèmes  nous-mêmes, d’autres viendront le faire à notre place.
Je l’ai  répété à plusieurs reprises, et ce, depuis le premier  enlèvement
des touristes allemands. Depuis, combien de prises  d’otages y a-t-il eu ?
Et nous n’avons, encore une fois, rien fait.  Nous sommes là, coincés à
attendre qu’un autre enlèvement ait  lieu pour commencer à chercher ce qu’il
faut faire. Les autres  ont leur opinion publique tellement attentive à la
vie d’une  personne que très souvent ils nous mettent vraiment mal à  l’aise
parce qu’ils ne prennent même pas en compte notre  sécurité.
Il n’y a que la vie des otages qui les  intéresse. J’avoue que c’est de
très bonne guerre.
ST : Vous avez aujourd’hui  deux affaires sur les bras. Quatre otages
détenus par un  groupe et deux autres par un autre groupe de terroristes. Que
comptez-vous faire concrètement pour les dénouer ?
ATT : J’avoue que je n’ai rien  concrètement. Ce que je fais est d’ordre
moral et humanitaire…  Les services de renseignement des pays concernés sont
à Bamako  et leurs gouvernements vous sollicitent et font pression sur  vous
pour les aider… Personne ne fait pression sur nous. C’est  vrai, ils sont
là. Ils attendent, ils cherchent des contacts,  etc. Ils sont très proches
des lieux et je pense qu’il y a  plus de poids sur eux que sur nous.
Ils ont une manière de voir qui est peut-être  différente de la nôtre. Nous
aussi nous tenons à la vie des  autres. Mais le Mali n’a rien à voir avec
tout cela. Ni les  ravisseurs, ni les otages, ni l’endroit de l’enlèvement
ne  sont maliens. C’est vrai, les gens sont venus nous demander de  les aider
pour tenter de pister les auteurs et j’ai tenu à  leur dire que ces
derniers ne sont pas seulement au Mali.
ST : Vous voulez dire que les  otages ne sont pas au Mali ?
ATT : Je dis que les auteurs sont dans  la bande sahélo-sahélienne, pas
uniquement au Mali. Eux, ils  rendent compte à leurs pays, à leurs
gouvernements et à leurs  Parlements. Nous les comprenons. Une fois de plus, je dis que
le Mali aurait pu adopter une autre position. Mais il a  clairement affirmé
qu’il ne rentrera jamais dans une  quelconque transaction financière.
Maintenant que faut-il  faire ?
Laisser que les autres viennent faire ce qu’il  faut faire à notre place et
après aller chercher des  accusations contre le Mali ? Il faut nous aider
et non nous  laisser gérer ces affaires en nous disant débrouillez-vous,
vous êtes un pays souverain. J’avoue que le problème est  beaucoup plus moral.
Il y a de très bonnes coopérations avec certains  pays. D’autres qui ne
nous ont jamais sollicités viennent nous  demander notre assistance pour des
raisons humanitaires et  nous leur exprimons notre disposition à les assister.
Par  contre, ce que nous ne pouvons pas faire, c’est de prendre  l’argent
et les remettre aux ravisseurs pour qu’il soit  utilisé demain contre nos
voisins. Moralement, nous ne pouvons  le faire.
ST : Vous avez déclaré  publiquement que vous suiviez ces affaires
personnellement et  de très près. Quelles sont les revendications réelles des
ravisseurs ?
ATT : Je ne sais pas exactement ce  qu’ils demandent. Ils en ont exprimé
certaines sur leur site  internet et je n’en sais pas plus que ce qu’il y a
sur ce  document. Je pense que le problème le plus important n’est pas  ce
qui a été porté sur internet. Parce que les groupes sont  tellement différents
et leurs positions sont tellement  diffuses. Je ne pourrais pas en dire
plus sur cette affaire  puisque les enquêtes sont en cours…
ST : Pensez-vous que le  dénouement risque de prendre beaucoup de temps ?
ATT : Franchement, je ne sais pas. Ce  que je sais, c’est que j’ai hâte
que le Mali en soit  débarrassé le plus vite possible. Il est quand même dé
solant  de voir que dans cette affaire, tous les pays de la région  sont
tranquilles, sauf le Mali parce que tout le monde estime  que c’est le Mali qui
doit trouver une solution. Nous sommes  fatigués de jouer ce rôle. Nous ne
savons plus quoi faire. Il  faut bien que nous parlions entre nous. Nous ne
pouvons pas  comprendre les hésitations des uns et des autres.
Tout compte fait, nous avons besoin aussi d’être  entendus. Nous ne
reculerons pas devant certaines questions,  mais en même temps il est important que
tout le monde  s’implique dans la lutte contre toutes les menaces qui
pèsent  sur la région. Le Mali d’aujourd’hui souhaite sortir de cette  situation
le plus tôt possible. Par contre, il est important  de relever qu’il y a eu
des enlèvements par procuration.
Nous pouvons en parler parce que nous avons  arrêté deux ou trois éléments
sur les six ou sept ayant fait  partie du groupe auteur de l’enlèvement du
diplomate onusien  au Niger. Ils ont donné des détails sur cette opération…
ST : Ce sont des Maliens ou  des Nigériens ?
ATT : Un peu de tout. Ils ne  reconnaissent ni frontière ni nationalité.
Les prises d’otages  sont devenues un fonds de commerce. Il y a le grossiste
et le  détaillant. Cela nous a permis de comprendre qui sont les  auteurs de l
’enlèvement et à qui les otages ont été remis. Ces  informations nous ont
aidés à dégager des pistes de recherche  assez importantes qui vont nous
aider à traquer le reste du  groupe et à les arrêter le plus rapidement
possible.
ST : Vous confirmez que  l’enlèvement du diplomate onusien était une
commande des  terroristes ?
ATT : Non, je ne le pense pas.
ST : Mais vous venez de dire  que les auteurs ont agi avec une procuration…
ATT : J’ai dit par procuration parce  que nous nous sommes rendus compte
que ce ne sont pas les  salafistes qui sont venus chercher les gens au Niger.
Ce sont  des intermédiaires que j’appelle par procuration. Peut-être  que le
mot ne convient pas, mais c’est la réalité.
ST : Les auteurs ont-ils  remis l’otage aux terroristes parce qu’ils n’
avaient pas la  logistique pour le garder longtemps ou tout simplement parce  qu
’il s’agissait d’une prestation de service payante ?
ATT : Je pense qu’au stade actuel de  l’enquête, dont les résultats seront
certainement partagés  avec les pays concernés, la seule certitude est que
les  terroristes ne se sont pas déplacés au Niger pour enlever M.  Fowler.
Il fallait trouver des gens réguliers qui peuvent se  promener facilement au
Mali et au Niger et un peu partout dans  la région. Parce que tout compte
fait, il y a mille chemins  pour rejoindre le Mali. Maintenant, est-ce qu’il y
a eu une  commande ou non, je ne sais pas ?, mais il s’agit bel et bien  d’
une organisée. Ils ne sont pas tombés sur M. Fowler par  hasard.
Ils l’ont suivi et pisté et trouvé le moyen de  le prendre à des lieux où
ils ont décidé de le prendre. Ils  n’ont même pas pris ses affaires. Ils n’
ont pris que la  personne, pratiquement sans rien.
C’est pour dire que l’opération a été bien  préparée. Ils sont partis dans
une zone qui n’est contrôlée ni  par le Mali ni par le Niger. C’est une
réalité. Ils  connaissent et savent choisir les endroits qui les arrangent.
Ce n’était pas un hasard. L’opération a été bien  planifiée.
ST : Ne craignez-vous pas que  cette alliance entre les terroristes et les
trafiquants en  tout genre ne constitue une grave menace sur la stabilité de
 la région ?
ATT : Justement, pourquoi la région  est-elle ciblée ? Parce que nous
sommes tous là à nous  regarder et à nous renvoyer mutuellement la responsabilité
 sans prendre la peine d’agir. La question n’est pas de savoir  pourquoi
les salafistes sont au Mali, mais plutôt comment ils  sont arrivés au Mali ?
Il ne peut pas y avoir des choses que le Mali et  l’Algérie ne peuvent se
dire. Nos deux pays sont liés par des  relations ancestrales et historiques.
Lorsque j’ai vu le  président Bouteflika, il m’a parlé d’un Mali que je ne
connaissais pas. Il savait plus de choses sur mon pays que  moi-même. Il a
travaillé avec mon père lors de la guerre de  libération. C’est pour cela
que je dis que sur le plan  politique, nous avons des relations
exceptionnelles.
ST : Vous voulez dire que  c’est sur le plan opérationnel qu’il y a un
problème ?
ATT : Il y a objectivement quelque  chose qui bloque sur le terrain.
Pourquoi tout ce temps à ne  rien faire ? Pour quelle raison nous n’avons mis
aucun  dispositif ou système d’alerte qui puisse nous permettre de  communiquer
entre nous sur des menaces aussi graves ? Le Mali,  c’est une superficie de
plus d’un million de kilomètres  carrés. La frontière entre l’Algérie et le
Mali est de 1200  km, et avec la ST : N’était-il pas question de créer ces
patrouilles mixtes algéro-maliennes pour assurer le contrôle  de la zone ?
Je pense que le Mali et l’Algérie sont en voie  de voir comment travailler
ensemble. Mais j’avoue que nous  sommes beaucoup plus au stade théorique que
pratique. Il faut  que nous descendions un peu sur le terrain, parce que c’
est là  que le problème se pose réellement.
ST : Lorsque vous avez lancé  l’idée de l’organisation d’un sommet des
chefs d’État, vous  avez invité quatre pays, alors qu’aujourd’hui vous l’avez
 élargi à sept. Pourquoi ?
ATT : Au début, nous avons invité  quatre pays, l’Algérie, le Niger, la
Libye et le Burkina-Faso.  Les événements en Mauritanie ont fait que nous avons
estimé  qu’il est important d’attendre que la situation se décante  dans
ce pays, dont la participation au sommet est très  importante.
Mais rien n’exclut l’élargissement à d’autres  pays qui se sentent
concernés par la bande sahélo-sahélienne  qui est devenue le théâtre de tous les
trafics. Regardons ce  qui se passe dans le golfe d’Aden. Ce sont les flottes
du  monde entier qui sont arrimées là-bas et qui n’arrivent pas à  trouver
une solution. Les actes de piraterie se  poursuivent.
Alors, que dirions-nous, nous qui sommes issus  de cette région, démunis de
tous les moyens de lutte contre  ces menaces. Je le précise, l’Algérie et
le Mali ont beaucoup  réfléchi et il faut maintenant trouver un terrain d’
entente  pour passer aux actions et prendre le problème à  bras-le-corps.
Nous sommes face à un phénomène qui ne connaît  pas de frontières. Lors de
la rébellion au Mali et au Niger,  les rebelles allaient jusqu’au Tchad pour
s’approvisionner en  mines antipersonnel. Vous voyez bien que les mines ne
venaient  ni du Mali ni du Niger. Ce qui prouve que ces gens n’attendent
pas de visas pour passer d’une frontière à une autre.
Mais je me suis dit qu’au lieu de se demander  qui a fait quoi, il valait
mieux s’asseoir autour d’une table  pour trouver ce qu’il faut faire le plus
tôt possible. Ceux  qui sont en Europe ne peuvent pas se dire eux aussi qu’
ils  sont loin et donc épargnés. La preuve, les otages sont tous  des
Occidentaux.
Personne ne peut être à l’abri et nous ne  pouvons pas continuer à nous
accuser mutuellement. Dans notre  région, il faut accepter que chacun de nous
ait une part de  responsabilité. C’est pour cela que nous soutenons la
politique d’ouverture qui nous a permis de résoudre en partie  la rébellion
touareg.
ST : Ne croyez-vous pas que  la paix reste compromise si des mesures
socio-économiques ne  suivent pas l’accord d’Alger sur le terrain ?
ATT : Quand je parle du nord du Mali,  c’est comme si je parlais de l’
Algérie. Gao, Tessalit et Kidal  sont pour moi la dernière wilaya de votre pays.
Ce sont des  régions très pauvres. Il n’y a pas de routes, de centres de
santé, d’écoles, de puits, de structures de base pour la vie  quotidienne. En
fait, il n’y a rien. Un jeune de cette région  n’a aucune chance de
pouvoir se marier ou réussir sa vie, sauf  peut-être de voler une voiture ou de
rejoindre les  contrebandiers. Alors, donnons-leur une chance pour qu’ils ne
prennent pas les armes.
Je n’ai pas manqué de dire à mes amis algériens  de ne pas oublier que
cette région est une wilaya de votre  pays vu les relations étroites qui lient
nos deux populations.  Il faut qu’il y ait une vaste coopération dans le
domaine du  développement, qui reste la seule parade contre toutes les  menaces.
Les routes que nous ferons, la plâtrerie de  Tessalite que nous avons
installée pour avoir de l’emploi, le  carburant qui va coûter moins cher dans
cette zone constituent  un ensemble de projets de développement que l’Algérie a
promis  et c’est là qu’il faut aller très vite, car il s’agit de la  seule
arme à même de combattre le fléau. Nous pouvons avoir la  plus grande armée
au monde, mais nous ne pourrons jamais venir  à bout de ces menaces sans un
développement durable.
Regardez toute cette flotte militaire qui est au  golfe d’Aden et pourtant
elle n’a pas réussi à stopper les  pirateries. Cette jeunesse qui n’a rien
à faire tout au long  de l’année devient corvéable et malléable par tout le
monde et  tant qu’il y a des désœuvrés bien armés et bien riches, les
effectifs des salafistes se multiplieront et la menace devient  plus forte. Le
message que je veux transmettre lors de ce  sommet, est celui-ci : il est
temps maintenant de prendre le  problème ensemble.
C’est facile de continuer à dire qu’ils sont au  nord du Mali, et que le
Mali répond en affirmant qu’ils sont  ailleurs et qu’entre temps, la bande
vient commettre une autre  prise d’otages. La pauvreté est le terreau de
toutes les  menaces. C’est pour cela que nous avons appelé ce sommet « Réunion
pour la paix et le développement  ».
J’avoue que nous avons voulu attendre après  l’élection présidentielle en
Algérie et nous espérons que ce  sommet ait lieu le plus tôt possible. Tout
est prêt, nous  n’attendons que la réponse du président Bouteflika dont la
présence à ce sommet est capitale tout autant que celle du  président
libyen, Mouaâmar Al Gueddafi. Pour gérer ces  menaces, il faut que l’Algérie sache
qu’elle a une wilaya de  plus qui est Kidal. L’histoire de votre pays est
liée à cette  région.
Le Mali a soutenu la révolution algérienne. Des  membres de l’ALN étaient
hébergés dans la région de Gao et de  Tombouctou. Bouteflika avait même le
surnom de Abdelkader El  Mali. Il est très connu dans ces villes.
Je pense que c’est une chance pour nous qu’il  soit président parce qu’il
connaît très bien nos problèmes et  nos préoccupations. Propos recueillis
par Salima Tlemçani (la  semaine dernière avant la libération de 4 otages).
Source: El Watan du 26 avril  2009
Le Républicain du 29 Avril  2009

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