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Reporters sans frontières (http://www.rsf.org)
Communiqué de presse
22 décembre 2010
COTE D'IVOIRE
Reporters sans frontières demande aux Nations unies de faire
respecter la liberté de la presse
A l'occasion de la tenue d'une session extraordinaire du Conseil des
droits de l'homme des Nations unies, le 23 décembre 2010, à Genève,
sur la situation de la Côte d'Ivoire depuis le 28 novembre dernier,
Reporters sans frontières demande aux instances internationales de
rester très vigilantes sur la situation de la liberté de la presse
dans ce pays.
L'organisation fait état d'entraves à la parution des journaux, du
blocage de certaines chaines de radio et de télévision étrangères, et
de la dégradation inquiétante des conditions de sécurité pour les
journalistes, instaurant un climat de peur et d'intimidation.
Sécurité des journalistes
La presse étrangère prise à partie
Depuis le 28 novembre 2010, au moins une dizaine de journalistes
étrangers ont été interpellés et certains se sont fait confisquer
leur matériel. Le 16 décembre, en marge de la marche organisée par
les partisans d'Alassane Ouattara, une équipe de la chaîne France 2 a
été braquée à la kalachnikov par des forces de sécurité fidèles à
Laurent Gbagbo, tandis qu'une équipe de France 3 a, quant à elle, été
dispersée par des tirs à balles réelles, sans dommages.
Le même jour, Alassane Kanaté, cameraman occasionnel pour la chaîne
France 24, a été arrêté à un barrage de militaires avant d’être
conduit au commissariat central du Plateau, où il a passé la nuit. Le
journaliste a été molesté.
Les journalistes locaux exposés
Deux journalistes du quotidien d’opposition Le Mandat ont été
conduits, dans la soirée du 2 décembre, dans les locaux de la garde
républicaine, puis frappés avant d’être relâchés.
Suite aux arrestations ciblées survenues depuis quelques jours, les
journalistes vivent dans la peur.
Réduction de la liberté d'information
Médias étrangers suspendus
Le 2 décembre 2010, tous les signaux des chaînes de radio et de
télévision étrangères d’information, contenues dans le bouquet de
Canal + Horizon ont été suspendus par le Conseil national de la
communication audiovisuelle (CNCA), organe de régulation de
l’audiovisuel, qui a invoqué la nécessité "de maintenir la paix
sociale fortement ébranlée".
Intoxication et climat anti-étranger
Le lendemain, la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), en situation de
monopole sur l'audiovisuel, a accusé la chaîne française France 24 de
vouloir "déstabiliser le pays" en ayant relayé la proclamation par la
Commission électorale indépendante (CEI) des résultats provisoires
donnant Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle. La
veille, le quotidien Le Temps écrivait : "La presse française masque
la réalité" et "manifeste sa mauvaise foi." Le même jour, Notre Voie
titrait : "Second tour du scrutin, France 24 et RFI désinforment et
intoxiquent."
Médias d'opposition momentanément interdits de parution par la garde
républicaine
Des éléments de la garde républicaine ont effectué une descente, le
16 décembre, à l’imprimerie Sud Actions Médias et à celle du groupe
de presse Olympe pour leur interdire d’imprimer le quotidien
indépendant L’Intelligent d’Abidjan, et les journaux d’opposition Le
Patriote, Le Nouveau Réveil, L’Expression, Nord-Sud, Le Jour Plus, Le
Mandat et Le Démocrate. La garde républicaine a également interdit à
Presstalis (NNPP) de distribuer ces journaux. Trois jours plus tard,
ils étaient à nouveau disponibles en kiosques après l'intervention du
Conseil national de la presse (CNP), organe de régulation de la
presse écrite.
Reporters sans frontières a recueilli de nombreuses informations
relatives au brouillage des ondes de la station ONUCI FM par Radio
Côte d'Ivoire. De même, l'organisation a appris que des journalistes
étaient souvent expulsés de conférences de presse ou d'événements
publics lorsque les organisateurs de ces événements les considéraient
comme personae non gratae.
Recommandations
Reporters sans frontières demande aux Nations unies :
- d'appeler toutes les parties de la crise ivoirienne à respecter le
travail et la sécurité des journalistes
- de demander aux autorités le retour des médias audiovisuels
étrangers, pour mettre fin au monopole exercé de fait par la RTI sur
l'audiovisuel
- de dénoncer les accusations et les désignations de journalistes qui
mettent en péril leur sécurité
- d'appeler les journalistes, dans ces périodes troublées, à la
réserve et au respect des règles d'éthique
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COTE D'IVOIRE
United Nations urged to insist on respect for media freedom
As the Geneva-based UN Human Rights Council prepares to hold a
special session tomorrow on the situation in Côte d'Ivoire since the
28 November presidential election run-off, Reporters Without Borders
urges the council and other international bodies to pay close
attention to the press freedom situation there.
The publication of newspapers has been obstructed, local
retransmission of certain foreign radio and TV stations has been
blocked and there has been a disturbing decline in the security of
journalists, creating a climate of fear and intimidation for the media.
Safety of journalists
Foreign press targeted
At least 10 foreign journalists have been arrested since 28 November
and some have had their equipment confiscated. During a march by
supporters of Alassane Ouattara on 16 December, troops loyal to
Laurent Gbagbo turned their Kalashnikovs on a France 2 crew, while
live rounds were used to disperse a France 3 crew, which fortunately
sustained no injuries or damage.
Alassane Kanaté, a freelance cameraman working for the French news
channel France 24, was arrested at a military roadblock and taken to
police headquarters in the Abidjan district of Plateau, where he was
held overnight and mistreated.
Local journalists exposed to intimidation
On the evening of 2 December, two journalists working for the
opposition daily Le Mandat were taken to the headquarters of the
Republican Guard and were beaten before being released. Some
journalists are now living in fear as a result of the targeted
arrests that have been taking place for several days.
Reduced freedom of information
Foreign media broadcasts suspended
The signals of all international radio and TV news stations carried
by the Canal+ Horizon satellite service were suspended on the orders
of the National Broadcasting Council (CNCA) on 2 December on the
grounds of the need to “preserve social peace, which has been
seriously shaken.”
Anti-foreigner disinformation
State-owned Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) accused France 24 on 3
December of trying to “destabilize the country” by broadcasting the
Independent Electoral Council’s proclamation of provisional results,
according to which Ouattara won the presidential election. The daily
Le Temps accused the French media on 2 December of “concealing the
reality” and “showing bad faith.” The same day, Notre Voie ran the
headline: “Election second round, lies and disinformation from France
24 and RFI.”
Opposition newspapers temporarily banned by Republican Guard
Members of the Republican Guard raided the Sud Actions Médias and
Olympe printing presses on 16 December into order to prevent them
from printing the independent daily L’Intelligent d'Abidjan and seven
opposition newspapers: Le Patriote, Le Nouveau Réveil, L'Expression,
Nord-Sud, Le Jour Plus, Le Mandat and Le Démocrate. The Republican
Guard also ordered the distributor Presstalis not to distribute any
opposition newspapers. Three days later, they were all on sale again
following intervention by the National Press Council (CNP), which
regulates the print media.
Reporters Without Borders has received many reports about the jamming
of the UN radio station, ONUCI FM, by state-owned Radio Côte
d'Ivoire. The press freedom organisation has also been told that
journalists are often expelled from news conferences or public events
when the organizers suspect them of support a rival faction.
Recommendations
Reporters Without Borders calls on the United Nations to:
- appeal to all the parties to the Ivorian crisis to respect the
work and safety of journalists
- ask the authorities to restore transmission of foreign broadcast
media, to end RTI’s broadcasting monopoly
- condemn the accusations and labelling of journalists, which
threatens their safety
- urge journalists, in these troubled times, to act with restraint
and to adhere to professional standards.
---
Ambroise PIERRE
Bureau Afrique / Africa Desk
Reporters sans frontières / Reporters Without Borders
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