them promise not to engage in the affair again, film them, show them on TB,
then let them back into society.
How ingeniuos!!! Could this be the perfect solution to prostitution????
Wonder how Gambia does it?
Guinée : L’humiliation publique des prostituées et des clients
Soucieuses de limiter la prostitution, les autorités guinéennes humilient
publiquement les prostituées et leurs clients. Arrêtées, rasées, filmées et
montrées à la télévision, les travailleuses du sexe se réfugient dans la
clandestinité. Les associations spécialisées s’inquiètent des risques pour la
santé qui en découlent et, au-delà, des atteintes à la dignité.
À la nuit tombée, la rue du "Transit" est déserte ce samedi de mai. Dans
cette banlieue de Conakry, la capitale guinéenne, pas une seule prostituée
en vue. Il y a quelques semaines, à la même heure, des femmes auraient été
en train d’y vendre leurs charmes. "Les forces de sécurité ont fait une
descente ici et ont embarqué toutes les prostituées", observe un vendeur de
cigarettes.
Depuis le mois d’avril, la junte militaire, à travers le Secrétariat à la
présidence chargé des services spéciaux, de la lutte anti-drogue et du
grand banditisme, arrête des prostituées dans les motels et les bars, elles
qui, jusque-là, exerçaient leur métier en toute quiétude. Le capitaine Moussa
Tiégboro Camara, no 1 de ce service spécial et ses hommes (des militaires),
ont déjà embarqué plus de 400 personnes. Les prostituées et leurs clients
sont conduits au quartier général de la junte, où ils sont rasés et filmés.
Ils s’engagent ensuite verbalement à ne plus jamais s’adonner ou recourir
à la prostitution, puis sont libérés dans la semaine. Ces images sont par
la suite diffusées à la télévision d’État. "Au lieu de les mettre en prison,
nous préférons cette méthode qui va certainement les détourner de leur
sale besogne. Car tout le monde, y compris leurs parents, les verra à la
télé", se félicite un agent du capitaine Tiégboro qui reconnaît cependant qu’il
y a des "récidivistes".
La prostitution clandestine favorise le sida
Dans les rues de Conakry, peu de gens apprécient ce genre d’humiliations.
Beaucoup jugent que la junte "va trop loin". "Les droits à l’image et la
présomption d’innocence ne sont pas respectés. Ce n’est pas tous ceux qui
sont dans les motels qui sont des prostituées (ou des clients, Ndlr)",
remarque Youssouf Sylla, un juriste.
Au-delà de sa brutalité, l’efficacité même de la méthode est aussi mise en
doute. Ainsi, selon une source du Secrétariat d’État chargé des services
spéciaux, le nombre des personnes raflées diminue au fil du temps. "Au
départ, on arrêtait une centaine de personnes. Mais hier (mardi 12 mai, Ndlr)
nous n’avons pris que 17 personnes dans un motel", révèle-t-elle. Les
prostituées, en tenues suggestives, qui se regroupaient le long des rues sont
désormais "en pagnes dans les quartiers". "Nous appelons au téléphone nos
fidèles clients pour négocier", révèle l’une d’elles, la trentaine, qui exerce
depuis une dizaine d’années. Et nous trouvons toujours un endroit pour nous
voir."
Secrétaire exécutif du Comité de lutte contre le sida, M. Rémy Lama s’
inquiète de cette clandestinité nouvelle : "Avant, les travailleuses du sexe
malades étaient fichées et suivies par la police mondaine. Maintenant, elles
sont dans les quartiers et même dans les garnisons militaires sans suivi."
Des organisations de la société civile comme la Coalition nationale pour
les droits et la citoyenneté des femmes (CONAG-DCF) condamnent cette
évolution. Pour Mme Nanfadima Magassouba, sa présidente, "si une personne majeure
décide de vivre de son corps, il n’y a aucune illégalité à cela." La loi
guinéenne ne condamne, en effet, que le proxénétisme.
"Je vais là où on ne me demande pas de diplôme"
La prostitution a progressé en Guinée ces dernières années avec la
pauvreté. En 1992, la division mondaine de la Direction de la police judiciaire
(DPJ) recensait environ 150 professionnelles à Conakry. Aujourd’hui, elle en
compte près de 1 000 : six fois plus ! Selon cette division, dans cette
même période, le nombre de maisons de passe est passé d’une cinquantaine à
plus de 200.
Le commissaire Bakary Camara, chef de division mondaine à la DPJ, indique
que le phénomène a pris de l’ampleur avec les narcotrafiquants qui
"utilisent les prostituées dans leurs réseaux de transport et de distribution de
drogue." En 2008, la Guinée était en effet considérée par l’Office des Nations
unies contre la drogue et le crime (ONUDC), comme une plaque tournante du
trafic de drogue de l’Amérique du Sud vers l’Europe. Mais, pour le
commissaire, cela n’est pas la seule explication : "Des pères de famille
irresponsables laissent leurs enfants suivre des films érotiques, mêmes
pornographiques que des médias étrangers diffusent tous les soirs. En imitant (ce qu’
ils voient à la télé, Ndlr), les enfants se retrouvent dans la rue."
Mohamed Kampel Camara, professeur de sociologie à l’université de Conakry,
estime de son côté que le développement de la prostitution en Guinée est
le fait du libéralisme économique qui s’accompagne de chômage, de pauvreté,
de la libération des moeurs, etc. À l’image de cette femme, qui vit sous le
même toit que sa maman, et se prostitue pour la nourrir ainsi que son petit
garçon de six ans. "Pour avoir un travail, on vous demande le diplôme,
explique-t-elle. Je vais là où on ne m’en demande pas. Parce que je n’en ai
pas."
Mamadou Bineta
(Syfia Guinée) / Le Quotidien de Bamako du 03 juin 2009
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