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POUR L’INDEPENDANCE DE LA JUSTICE Les magistrats « s’affranchissent » du
droit de réserve
par _Ibrahima Lissa FAYE_ (http://www.sudonline.sn/spip.php?auteur5) | SUD
QUOTIDIEN , samedi 27 septembre 2008 | 183 Lectures
L’indépendance de la magistrature a été le maître mot de la conférence de
presse de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums). Les juges qui ont décidé
désormais de briser le silence pour prendre position sur tous les faits et
événements relatifs à leur profession ont évoqué hier, vendredi 26 septembre la
confusion est entretenue sur le fonctionnement de la justice et surtout les
conséquences d’une justice partiale.
Le bureau relooké de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) a fait à la
presse hier, vendredi 26 septembre pour rappeler les principes qui fondent ses
actions mais aussi l’essence de leurs statuts qui est surtout basés sur l’
indépendance de la Justice.
Ces hommes en robe rouge et noire ont décidé de rompre maintenant le silence
parce qu’ils ont estimé que « toute organisation ou structure qui prétend
jouer un rôle fondamental dans la société doit se prononcer ne serait ce que
pour rappeler les principes qui la gouvernent ou la régissent ». C’est ainsi
que son président, Abdoulaye Ba a fait savoir que « la Magistrature ne saurait
échapper à cette règle en continuant à se taire alors que son indépendance
est mise en doute ».
Le président du tribunal régional de Louga de s’interroger : « devons nous
alors nous laisser ligoter par l’obligation de réserve pour continuer à garder
le silence au moment où la confusion est entretenue sur le fonctionnement de
la justice, considérée à tort comme inféodée au pouvoir politique ? »
Le successeur de Aliou Niane à la tête de cette structure de signaler avec
insistance que « l’Ums s’attache à l’indépendance de la justice qu’elle doit
défendre et illustrer en toute circonstance ». Abdoulaye Ba a martelé que l’
association « sera derrière chaque magistrat qui parce que faisant simplement
son travail, serait victime de menaces, d’intimidation ou de pressions de
tous bords pour le défendre jusqu’au bout ».
Mais, a-t-il ajouté, « l’Ums se désolidarisera de tout magistrat qui aura
délibérément et de mauvaise foi violé son serment se mettant ainsi dans une
position inconfortable ». Pour le nouveau président, « il y va de la crédibilité
de notre association, qui est déterminée à œuvrer pour une magistrature
irréprochable et au dessus de tout soupçon ».
Abdoulaye Ba est convaincu que « l’indépendance du Pouvoir judiciaire ne
constitue pas une condition suffisante pour assurer une bon
ne justice ». Les magistrats doivent aussi dans leur comportement de tous
les jours faire, selon lui, preuve de dignité et d’honneur, d’intégrité et de
probité, de sérénité et de pondération respectant ainsi en toute circonstance
leur serment. Il a rappelé que les magistrats du parquet, c’est à dire les
procureurs et substituts sont placés sous la direction et le contrôle de leurs
chefs hiérarchiques et sous l’autorité du Garde des sceaux. « Il peuvent
ainsi être affectés sans avancement par l’autorité de nomination d’une
juridiction à une autre, s’ils en font la demande ou d’office.
Ils peuvent recevoir des instructions écrites de leurs supérieurs
hiérarchiques qu’ils sont obligés d’exécuter, si elles sont conformes à la loi », a
expliqué le président de l’Ums. Il en a déduit que « l’indépendance du Pouvoir
judiciaire même si elle est constitutionnellement consacrée se heurte dans
le même temps à des dispositions légales qui peuvent atténuer son effectivité
». Et de se questionner : « y a-t-il lieu de franchir ces barrières légales
par des réformes de nature à rendre la magistrature dans sa globalité
totalement indépendante sans tomber dans ce que certains appellent la République des
juges ? »
Le président du tribunal de Louga a, par ailleurs, interpellé les
justiciables sur leur responsabilité face à l’indépendance de la justice. Pour lui, «
celle-ci n’est pas un luxe pour les magistrats mais une garantie pour chaque
citoyen, justiciable en puissance de la protection de ses droits fondamentaux
».
Le manque d’indépendance par contre « crée l’opacité dans le traitement des
affaires, décourage les citoyens, fait naître en eux une flamme de
rébellion, renforce les disparités en même temps qu’il mine les valeurs démocratiques
et favorise la perte de confiance », a-t-il expliqué.
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